C'est un des premiers visages qui apparaît dans Mission : Impossible - Protocole Fantôme, et en seulement quelques scènes, Léa Seydoux frappe fort. Quinze ans après le premier épisode signé Brian de Palma, elle succède à Emmanuelle Béart face à Tom Cruise sauf que cette fois-ci, elle n'est pas là pour l'embrasser. Son personnage, Sabine Moreau, est une tueuse à gages sans remords qui ne recule devant rien.
Après Inglorious Basterds, Robin des Bois et Minuit à Paris, c'est la quatrième fois que Léa Seydoux joue en anglais, et comme pour Woody Allen, qui l'avait simplement choisie en voyant son visage, l'actrice n'a même pas passé de casting : "Une autre comédienne avait été pressentie, mais elle ressemblait un peu trop à Paula Patton, l'actrice principale. Du coup, la production m'a choisie dans le rush. Deux critères ont joué en ma faveur : j'avais travaillé avec de bons metteurs en scène et j'étais française."
Direction le Canada pour rejoindre le tournage d'un blockbuster à 140 millions de dollars sans trop savoir ce qui l'attend : "Formation éclair : j'ai appris à me battre et, malgré mes réticences, à manier un revolver". Si Emmanuelle Béart garde un souvenir amer de son expérience hollywoodienne, Léa Seydoux semble plus amusée par l'aventure : "Le plateau de Mission : Impossible 4 ressemble à une énorme machine où Brad Bird, le réalisateur, parvient à imposer un tempo doux."
Dans une histoire "où les personnages passent leur temps à... se trucider", la jeune comédienne a pourtant une scène capitale face à Tom Cruise, star et producteur du film : "Je rougis. Je me disais : mais qu'est-ce que je fais là avec Tom Cruise en face de moi ? La pression me rattrapait. Il l'a senti et s'est montré d'une grande élégance." Arrivée avec en tête l'image d'une "star aux dents blanches et aux yeux turquoise possédant un jet privé", Léa Seydoux repart des étoiles plein les yeux : "C'est un acteur de génie. Un caméléon : héros positif ou pervers absolu, sa gueule lui permet d'absolument tout jouer". Mais contrairement à Russell Crowe sur le tournage de Robin des bois, pas de bière au bar du coin après la journée de travail, "d'ailleurs, Tom Cruise ne boit pas".
Avant cette percée discrète à Hollywood, l'actrice passe à côté du rôle principal de Millénium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, le film événement de David Fincher. Après de longs mois de casting, de coach vocal, de transformation physique qui réduisent les candidates à un carré, elle se fait coiffer au poteau par Rooney Mara : "Je sais qu'il faut toujours tirer bénéfice de ses échecs, mais l'expérience m'a tout de même semblé déroutante. (...) Au dernier tour, nous passions les unes après les autres. J'avais six pages de monologue à apprendre en anglais et à prononcer avec l'accent suédos. J'ai beaucoup travaillé mais la composition a ses limites. Le personnage est censé être anorexique. Je ne pouvais aller contre ma nature."
L'égérie coquine de Prada ne s'arrête pas à ses apparition sensuelle et machiavélique à Hollywood. Après Les adieux à la reine de Benoît Jacquot avec Diane Kruger et L'enfant d'en haut avec Gillian Anderson, elle rejoindra Audrey Tautou dans L'écume des jours de Michel Gondry et prépare Le bleu est une couleur chaude d'Abdellatif Kechiche (Vénus Noire) : "Je travaille avec lui chaque jour (...) On m'a raconté qu'il faisait des prises de cinquante minutes. J'aime l'idée de m'oublier."
Un parcours voué à dépasser tous les espoirs, et pourtant, elle avoue avoir parfois "le sentiment de ne pas exister, d'être un peu transparent." Léa Seydoux, mélancolique ? Peut-être un peu, mais pas pour très longtemps : "Un sentiment que ne doit jamais effleurer Tom Cruise".
Retrouvez l'interview de Léa Seydoux dans Madame Figaro, en kiosques le 10 décembre, et dans Mission : Impossible - Protocole Fantôme le 14 décembre.