Le macabre défilé des cercueils et son silence de mort, quel insoutenable spectacle... Terriblement affectés après leur rencontre lundi avec les familles des victimes du vol MH17 de Malaysian Airlines, abattu dans l'espace aérien de l'Ukraine jeudi 17 juillet 2014, le roi Willem-Alexander et la reine Maxima des Pays-Bas ont assisté mercredi, bouleversés, à l'arrivée des premières dépouilles rapatriées sur le sol néerlandais.
Première étape, indispensable, du terrible travail de deuil qu'ils ont à accomplir, les proches de certaines des 298 personnes - dont 193 citoyens néerlandais - qui ont trouvé la mort à bord du Boeing 777 parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur et descendu par un tir de missile en Ukraine attendaient anxieusement de récupérer le corps d'un être cher dans l'après-midi du mercredi 23 juillet, décrété journée de deuil national aux Pays-Bas. Une première depuis la mort de la reine Wilhelmina en 1962.
Sur le tarmac de l'aéroport d'Eindhoven, ce sont 40 cercueils de bois, acheminés à bord de deux avions, qui ont été déchargés au son des clairons de l'armée et sous le regard meurtri du couple royal ainsi que du Premier ministre Mark Rutte, vêtus de noir au premier rang des sièges installés à même l'asphalte pour cette cérémonie solennelle retransmise en direct à la télévision. Choquée par cette vision morbide et terrassée par le chagrin, la reine Maxima, soutenue par son mari, lui-même très marqué, qui lui tenait la main, peinait une fois encore à réprimer ses larmes et masquer ses émotions. Le couple royal, qui aurait dû être en vacances, avait annulé vendredi dernier la séance photo familiale marquant le début du congé estival pour aller signer le registre de condoléances et manifester sa solidarité, en mots et en actes, avec la population. Une minute de silence a été observée, puis des membres des forces armées néerlandaises ont en silence placé les cercueils à bord de corbillards qui ont pris la route de la base militaire d'Hilversum, près d'Amsterdam, où aura lieu le processus d'identification.
Tout au long du trajet emprunté par le sinistre convoi, des milliers de Néerlandais s'étaient rassemblés, sur les bords de l'autoroute, sur les ponts ou devant la base militaire, pour pleurer leurs compatriotes disparus, jeter des fleurs ou applaudir au passage des corbillards pour honorer la mémoire des défunts. Depuis plusieurs jours, les abords de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol sont également jonchés de fleurs, témoignage poignant de la violence avec laquelle le drame du vol MH17 a ému les Néerlandais. Dans la soirée, une marche blanche et silencieuse a rassemblé plusieurs milliers de personnes, qui ont formé dans Amsterdam un cortège long de plus d'un kilomètre, selon les observations de l'AFP. La minute de silence, respectée dans tout le pays, a également été observée en Écosse, à Glasgow, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux du Commonwealth 2014 en présence de la reine Elizabeth II.
Alors que Tony Abbott, le Premier ministre australien, dont 28 compatriotes ont péri dans le crash, a fustigé le déroulement des opérations sur le lieu du crash, déplorant que de nombreux corps sont encore "à l'air libre", exposés "aux ravages de la chaleur et des animaux", de nouvelles dépouilles doivent être rapatriées aux Pays-Bas ce jeudi. Selon Kiev, les Pays-Bas et l'Australie se sont dits prêts à envoyer "une mission policière sous l'égide de l'ONU", afin de préserver le lieu de l'accident, situé dans une zone contrôlée par les séparatistes, et d'assurer une enquête indépendante. Après avoir été longtemps bloquées par les rebelles, la plupart des dépouilles mortelles avaient été acheminées mardi à Kharkiv à bord d'un train réfrigéré.