Vol MH17 : Maxima des Pays-Bas effondrée après sa rencontre avec les familles

Le sourire de la Maxima des Pays-Bas est taillé pour la légende. Généreux, contagieux, inimitable, ses absences n'en sont que plus inquiétantes. La catastrophe aérienne du vol MH17 l'a fait disparaître, et c'est une Maxima quasiment méconnaissable, le visage martyrisé par la douleur, les yeux embués par le chagrin, qui a quitté tête baissée la ville de Nieuwegein après une rencontre avec les familles de victimes.

Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas et son épouse Maxima auraient dû être en vacances. Le couple royal avait même programmé vendredi 18 juillet sa traditionnelle rencontre avec la presse pour la séance photo avec ses trois petites princesses marquant le début du congé estival. Le rendez-vous a été annulé en dernière minute suite à la nouvelle du crash du vol MH17 de la Malaysian Airlines au départ d'Amsterdam et à destination de Kuala Lumpur. À la place, un court communiqué chargé d'émotion avait été émis, puis le roi et la reine s'étaient rendus au ministère de la Justice, à La Haye, pour signer, dans une atmosphère lourde de deuil, le registre de condoléances qui y a été ouvert.

Sur les 298 passagers (dont 15 membres d'équipage) qui ont trouvé la mort le 17 juillet 2014 dans la tragédie du vol MH17 de la Malaysian Airlines, un Boeing 777 vraisemblablement abattu par erreur par des séparatistes ukrainiens, 193 étaient des citoyens néerlandais. Certains, même, étaient des personnalités réputées internationalement, à l'image du professeur Joep Lange, chercheur spécialisé dans le traitement du VIH qui se rendait à Melbourne avec sa femme pour un sommet sur le sida.

Lundi 21 juillet 2014, Willem-Alexander et Maxima des Pays-Bas, ainsi que le Premier ministre du pays, Mark Rutte, ont pu témoigner en personne leur peine, leur soutien et leurs condoléances aux familles des victimes, en allant les rencontrer à Nieuwegein (province d'Utrecht). En ressortant des bâtiments municipaux après ce rassemblement, la reine, peinant à contenir ses larmes, soustrayait ses yeux bouleversés aux regards de la presse présente, et baissait résolument la tête jusqu'à disparaître dans sa voiture, suivie par son époux qui, s'il se tenait bien droit, avait tout autant les traits douloureux.

Le couple royal bouleversé, le pays solidaire

À l'issue de cette rencontre qu'on imagine terrible avec les proches des 193 défunts, le souverain néerlandais a fait paraître un nouveau communiqué :

"Ce jour, un grand rassemblement a eu lieu avec les familles des victimes de la catastrophe aérienne survenue dans l'Est de l'Ukraine. Ma femme et moi-même y étions. Nous avons été profondément touchés par les récits bouleversants et intimes de ceux qui ont perdu des êtres chers. Des gens dont la vie est en ruines. Leur chagrin, leur sentiment d'impuissance et leur désespoir sont déchirants. Nombreux sont ceux qui nous ont dit : 'Nous voulons au moins pouvoir dire adieu convenablement à ceux que nous aimons.'

Nous comprenons leur frustration et leur douleur. Et nous partageons leur désir sincère de voir les causes du drame élucidées. Nous savons que la perte qu'ils vivent ne pourra jamais être réparée. Leur détresse est immense. La seule chose que nous pouvions faire aujourd'hui, c'était d'être avec eux et d'écouter ce qu'ils avaient à dire.

Ces derniers jours, des gens se sont rassemblés dans tous les Pays-Bas, et ils vont continuer. Dans les bureaux, les écoles, les clubs de sport et les salons à travers tout le pays. Chacun est là pour l'autre.

Et c'est important tout particulièrement maintenant, à l'heure d'une grande épreuve pour notre pays, où tant de gens sont submergés par la détresse. C'est important que nous soyons solidaires, que nous nous soutenions mutuellement et que nous faisions notre possible pour aider. Et que nous ouvrions notre coeur à quiconque voudrait partager son histoire. Pas seulement maintenant, mais aussi dans les mois et les années à venir.

Je voudrais exprimer ma considération envers toutes les personnes qui s'unissent autour de ceux qui sont affectés par la tragédie. Parents, amis, voisins et collègues : votre présence est indispensable, en ce moment. Je voudrais également dire combien j'estime le travail effectué par les centaines de professionnels concernés par les nombreuses missions, tristes et difficiles, qu'il reste à mener.

Mon épouse et moi-même adressons notre profonde sympathie à ceux qui viennent de perdre un être cher. Nous sommes avec eux par la pensée. Ces sentiments sont partagés par ma mère [la princesse Beatrix] et par les autres membres de ma famille, qui se sentent un lien plus fort que jamais avec notre pays en ces moments sombres. Ce terrible drame a infligé une grave blessure à notre société. La cicatrice qu'il laisse ne guérira jamais complètement. Quand le besoin se fait le plus pressant, ce qui compte, c'est la force morale, la compassion et la solidarité - les exactes qualités que, dans les moments cruciaux, notre pays a démontré qu'il possédait."

Une journée de deuil national a été décrétée aux Pays-Bas mercredi.