Les piliers du septième art à la française s'effondrent les uns après les autres. Le jeudi 29 août 2019, la France apprend le décès de Michel Aumont, acteur fondamental de notre paysage médiatique, à l'âge de 82 ans. La triste nouvelle vient du Figaro. Récompensé à de nombreuses reprises, l'homme aux multiples Molières a tiré sa révérence sans crier gare. Il avait marqué l'esprit des cinéphiles à l'aide d'une filmographie infinie, près de 140 participations, dont L'Emmerdeur de Francis Weber, Palais Royal de Valérie Lemercier, Ripoux contre ripoux de Claude Zidi ou Beaumarchais, l'insolent d'Édouard Molinaro.
En cinquante et un ans de carrière, Michel Aumont était habitué aux seconds rôles. Crédité comme "un médecin", "le garde", "le père", "le roi" dans sa filmographie, le comédien brillait encore davantage sur les planches, il a entre 300 et 400 pièces à son actif. Il était notamment sociétaire honoraire de la Comédie-Française, pour laquelle il a enchaîné une myriade de rôles classiques, passant de Feydeau à Jean Anouilh avec une aisance folle. Et c'est pourtant avec un naturel saisissant qu'il avait quitté l'institution, après trente-sept ans de service. "Je vais voir ailleurs si j'y suis", aurait-il écrit à ses confrères.
J'aurais aimé percer davantage
Il se disait "très gâté", mais jetait sur son parcours un regard clairvoyant, parfois teinté de regrets. "J'aurais aimé percer davantage, annonçait-il en 2007 auprès du Parisien. Ce n'est pas de l'amertume, juste un petit manque. Je me dis 'ça aurait p'u..." Neuf ans plus tard, tête d'affiche du Roi Lear de William Shakespeare (mis en scène par Jean-Luc Revol), il affirmait toujours avoir beaucoup à prouver dans les colonnes d'Ouest France. "On n'est jamais sûr de soi, c'est toujours à recommencer. Je m'escrime à chaque fois comme si c'était la première fois. Je suis un acteur d'instinct." Adieu l'artiste...