Parmi les nombreuses réactions de personnalités du monde de la culture aux attentats de Paris, celle de Michel Hazanavicius n'est pas passée inaperçue. Le réalisateur français de 48 ans, à qui l'on doit des films aussi différents qu'OSS 117, The Artist ou The Search, a en effet publié via sa page Facebook une longue lettre à l'intention des "Daechois, Daechoises". Le cinéaste fait notamment écho aux propos de François Hollande sur la France "en guerre", tout en signant une belle définition de notre "Liberté, Egalité, Fraternité" chérie.
"Ici, en France, nous ce qu'on aime, c'est la vie, écrit le réalisateur, papa de quatre enfants dont deux (Lucien, et Gloria) avec l'actrice Bérénice Bejo. Pour nous, entre naître et mourir le plus tard possible, l'idée est principalement de baiser, rire, manger, jouer, baiser, boire, lire, faire la sieste, baiser, discuter, manger, argumenter, peindre, baiser, se promener, jardiner, lire, baiser, offrir, s'engueuler, dormir, regarder des films, se gratter les couilles, péter pour faire rire les copains, mais surtout baiser, et éventuellement se taper une joyeuse petite branlette. On est le pays du plaisir, plus que de la morale."
On est le pays du plaisir, plus que de la morale
Et l'intéressé, bien décidé à répondre aux revendications de Daesh (les terroristes ont qualifié Paris de "capitale des abominations et de la perversion"), n'y va pas avec le dos de la cuillère. "Alors dans la baise, c'est vrai que nous en France, on fait des trucs avec lesquels vous avez du mal, écrit-il de manière crue. On aime bien lécher le sexe des femmes. Pas tous, sûrement, mais beaucoup d'entre nous. Et les fesses et le cul, aussi. Là aussi, pas tous, mais bon. Et les femmes aiment bien faire des fellations. On appelle ça des pipes. C'est très agréable. Bien sûr là aussi, toutes les filles n'aiment pas ça, et on ne force personne, mais ça se fait. Régulièrement. Et avec beaucoup de plaisir. Et puis il y a des garçons qui aiment bien ça, aussi. Se faire des fellations ou se lècher ou se pénetrer entre eux. Et les filles pareil. En fait, ici, ce qu'on aime, c'est faire ce qu'on veut. On essaye de pas gêner les autres, c'est le principe, mais on n'aime pas trop qu'on nous dise trop fort ce qu'on doit faire ou ce qu'on ne doit pas faire. Ça s'appelle la Liberté. Retenez bien ce mot, parce qu'au fond, c'est ça que vous n'aimez pas chez nous. Ce n'est ni les Français, ni les caricaturistes, ni les Juifs, ni les clients de café ni les amateurs de rock ou de foot, c'est la Liberté."
Un texte pour le moins passionné et pas dénué d'humour, dans lequel Michel Hazanavicius croit savoir "qu'en atteignant un échantillon représentatif de la France, [ils vont] toucher à ce que nous sommes vraiment", ce qui permet alors de mobiliser aussi plus de voix et de coeurs contre la barbarie. "Ça, ça s'appelle l'égalité, clame-t-il. Face à la mort, vous pouvez toujours cibler ce que vous voulez, vous nous toucherez tous. Et on va comprendre, nous, ce à quoi vous vous attaquez. Nos valeurs. Simples."
Vous serez les symptômes abjects d'une idéologie malade
"Et ce qui va arriver, à un moment ou un autre, c'est que nous allons être solidaires, grâce à vous, poursuit l'auteur. Nous allons comprendre que ces valeurs sont en danger. Et nous allons les aimer et les faire vivre encore plus fort. Ensemble. Ça ça s'appelle la fraternité. C'est pour ça que vous ne pourrez pas gagner. Vous allez faire des morts, oui. Mais aux yeux de l'Histoire, vous ne serez que les symptômes abjects d'une idéologie malade."
Avant de conclure, non sans malice, en affirmant que "ceux qui resteront continueront de baiser, de boire, de dîner ensemble, de se souvenir de ceux qui seront morts, et de baiser". Et Michel Hazanavicius, comme des millions de Français, en fait partie.