Plus un jour ne passe sans qu'une personnalité féminine, encouragée par la vague de dénonciations engendrée par l'affaire Harvey Weinstein, révèle avoir été la victime d'agissements inappropriés. Il y a quelques heures, c'était au tour d'une grande championne suédoise de parvenir à briser le silence pour ajouter son nom et sa voix au hashtag tristement à la mode, #metoo.
Je lui dis non. Il m'attrape et me dit : "si".
Championne d'Europe 2012 du 400m, record de Suède à l'appui, Moa Hjelmer, 27 ans, relate sur Instagram le viol qu'elle dit avoir subi il y a six ans. "J'avais 21 ans, écrit-elle en légende d'un portrait d'elle flanqué du hashtag #metoo publié jeudi 23 novembre 2017. C'était la fin de la saison et nous venions de battre la Finlande lors de Finnkampen [un derby d'athlétisme annuel entre les deux pays ; Moa parle donc de l'édition de septembre 2011 à Helsinki, NDLR]. Tout le monde était content, l'ambiance était au top et nous avons fait la fête lors d'un banquet puis en boîte. J'avais un peu trop bu et un autre m'a proposé de me raccompagner à l'hôtel. On se retrouve dans sa chambre, il veut bavarder, s'assied près de moi sur le lit. Je lui dis que je vais aller me coucher. Il préfère que je dorme là avec lui. Il est considérablement plus âgé que moi et il est marié, je me sentais en sécurité et je croyais pouvoir lui faire confiance. J'ai un petit ami, je lui dis non. Il m'attrape et me dit : "si". Je suis pétrifiée, je ne veux pas. Je dis non à nouveau. Il m'enlève mes vêtements. Je suis figée comme de la glace, je ne peux pas bouger. Je ne dis plus rien. Il me viole."
L'athlète a gardé le silence pendant six longues années, mais n'a pas oublié. Ni le viol, ni ses conséquences : "Quand c'est fini, je prends mes affaires et je m'en vais. J'ai honte, qu'est-ce que j'ai fait de mal ?, continue-t-elle. Ma relation avec mon copain se dégrade gravement et il faut plus de six mois pour réparer les dégâts. J'ai toujours été forte et sûre de moi et je sais maintenant que ce n'était pas MA faute, et pourtant, ça a pris six ans avant que j'ose prendre la parole. Merci #metoo."
Tout en gardant le silence, Moa Hjelmer aura réussi à avancer et à devenir maman, avec son compagnon Kristian Svensson, épousé en 2013, de deux enfants avec la naissance d'une petite fille en 2014 et d'un petit garçon en février 2017. Après l'accouchement, elle a même repris la compétition l'été dernier et partage sur son compte Instagram des images de ses entraînements et de son ventre qui disparaît progressivement. Elle ne précise pas si elle a porté plainte contre son agresseur, qu'elle ne nomme pas et dont le crime peut encore être puni : en Suède, le délai de prescription pour les viols est de 10 ans, précise l'AFP.