Enfin, elles osent parler. Trois femmes ayant porté plainte contre Moha La Squale la semaine dernière pour "violences", "séquestration" et "agression sexuelle" ont témoigné dans les pages du Monde, le 12 septembre 2020. On y retrouve le témoignage important de ces trois anciennes compagnes, dont une certaine Luna, que le rappeur évoquait beaucoup dans ses textes.
Une violence visible qui met même son avenir professionnel en péril. "J'avais des marques sur le front, je n'avais pas pu aller au travail parce que j'étais détruite. On ne peut pas y aller avec la pommette gonflée, même si ce ne sont pas des bleus, ça se voit", déplore-t-elle. Mais Luna est sous l'emprise de Moha La Squale et n'arrive pas à le quitter. "Ça me faisait beaucoup culpabiliser, j'avais envie de l'aider, je me disais à chaque fois "le pauvre, le pauvre", se souvient-elle.
Même lorsqu'elle trouve le courage de partir, Mohammed Bellamed (le vrai nom du rappeur) la menace. "Il m'a dit : "Si tu me quittes et que tu parles, je te ferai tirer une balle dans le genou, j'enverrai un mec te lacérer le visage avec une lame de rasoir, je vais appeler des mecs du quartier pour qu'ils t'emmènent dans une cave te violer. Et quand ils auront fini, je viendrai te graver Moha La Squale dans le dos", explique Luna au Monde. Elle finit par s'en sortir avec l'aide de ses proches. Il lui aura fallu deux ans pour aller porter plainte.
"Il me disait que j'étais son objet sexuel"
Nous sommes en été 2018 lorsque Moha La Squale entame une liaison - alors qu'il est encore en couple avec Luna - avec une certaine Ana, une jeune actrice de 23 ans. "Il était méchant avec tout le monde, mais adorable avec moi. J'étais sa princesse", se souvient-elle. Se disant soucieux de son image publique, Moha ne retrouve Ana que dans des appartements qu'il loue. La jeune femme se retrouve donc à attendre dans ces appartements des journées entières, et il lui dit d'en sortir le moins possible.
Tout a dégénéré au mois d'août, où ils partent à deux dans une villa en Espagne. Tout de suite, le ton change. "C'est la première fois qu'il me parlait mal, comme il parlait aux autres, je me suis dit 'ok, c'est mon tour'. (...) Il me répétait que j'étais un bras cassé, que j'étais nulle. (...) Il me disait que j'étais son esclave, son objet sexuel", se rappelle Ana, dans Le Monde. Deux ans après leur relation, Ana dit être victime de crises de tétanie, qu'elle n'avait pas avant. Aux policiers, elle a raconté qu'elle se frappait lors de pics d'angoisse.
"Je vais te tuer avec un oreiller, ça ne fait pas de marques"
"Il a mis un oreiller sur ma tête, raconte-t-elle dans sa plainte citée par Le Monde, il appuyait très fort sur ma tête et je ne pouvais plus respirer. Et là il me disait : "Je vais te tuer, je suis déjà tombé pour des actes de barbarie, je vais retourner au placard, je vais te tuer, je vais te faire tuer, même ta famille je vais la faire tuer (...). Je vais te tuer avec un oreiller, ça ne fait pas de marques'", menace-t-il alors qu'il l'étouffe. Moha La Squale n'arrêtera de frapper lorsque le sang de sa compagne coule de son nez. Il s'assoit alors par terre et dit : "Je suis schizo, on est plusieurs dans ma tête, je peux tuer quelqu'un."
Pour l'heure, Moha La Squale n'a pas réagi. Il a cependant annoncé la sortie d'un nouvel album.
Moha La Squale reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à clôture du dossier.