C'est un grand nom du 7e art qui s'en est allé. Garry Marshall, 81 ans, est mort mardi 19 juillet à Burbank, des suites d'une pneumonie contractée après avoir fait une attaque. Il laisse derrière lui un Hollywood attristé, mais surtout sa femme Barbara, qu'il avait épousée en 1963, sa fille Ronny et pas moins de six petits-enfants.
Né à New York le 13 novembre 1934, Garry Marshall a commencé sa carrière dans le cinéma très tardivement. Il a d'abord débuté à la télé au début des années 1960, après avoir tergiversé. "J'étais un journaliste. J'étais batteur. J'étais tout. Je ne savais pas ce que j'étais", a-t-il raconté dans une interview au Los Angeles Times. C'est Jack Paar qui l'embauche en 1960 pour écrire au Tonight Show. C'est là que sa carrière de scénariste débute, après s'être notamment illustré avec humour dans différentes colonnes de journaux. "Avec Jack Paar, le travail était très spécifique – pas de confusion possible. Vous veniez chaque jour. Vous écriviez cinq pages de blagues. Vous rendiez votre copies... La pression était d'écrire cinq pages de vannes chaque jour. Je l'ai et je me suis dis, 'c'est ce que je veux faire'."
Garry Marshall se lance et s'illustre dès le début avec la série The Odd Couple, puis Happy Days. En 1982, il passe à la réalisation avec Docteurs in Love et enchaîne au rythme de deux longs métrages tous les deux ans en moyenne. Les années 90 marqueront sa consécration, avec tout d'abord l'incontournable Pretty Woman en 1990. Le film peignait la jolie histoire d'amour entre un richissime homme d'affaires perdu (Richard Gere) et une prostituée pragmatique (Julia Roberts). Pretty Woman est vite devenu culte pour plus d'une génération, amassant plus de 460 millions de dollars au box-office. Marshall est alors un réalisateur incontournable et attendu à Hollywood, lui qui avait jusqu'ici tant de mal à monter ses films et à trouver des acteurs. Désormais, on se bouscule à sa porte.
En 1991, il réalise Frankie & Johnny dans lequel jouent Al Pacino et Michelle Pfeiffer, les deux acteurs que Marshall voulait à l'origine pour Pretty Woman. Il enchaîne avec plusieurs films méconnus en France (Exit To Eden, L'autre soeur) et touche à nouveau le graal avec Just married (ou presque), qui marque la réunion avec les deux héros de Pretty Woman dans une irrésistible comédie romantique symbole de l'amour vache.
En 2001, Garry Marshall se trouve une deuxième muse et propulse à nouveau une actrice au firmament. Après Julia Roberts, c'est Anne Hathaway qui brille avec malice devant sa caméra pour Princesse malgré elle. La touche Marshall fait à nouveau des merveilles, entre féérie, peinture sociale et romance irrésistible. Réalisateur qui avait l'habitude de sublimer les personnages féminins (tout en leur offrant un point de départ pas franchement glamour, à l'image de Julia Roberts qui passe de prostituée dans Pretty Woman à une tombeuse qui lâche ses futurs maris au pied de l'autel dans Just Married), Garry Marshall met plus que jamais les actrices dans le dernier tiers de sa carrière. Kate Hudson dans Fashion Maman, Lindsay Lohan et Jane Fonda dans Mère-fille, mode d'emploi.
Il voue ensuite ses derniers longs métrages au genre choral, en dirigeant des distributions cinq étoiles. Valentine's Day (avec Jessica Alba, Bradley Cooper, Patrick Dempsey, Jennifer Garner, ses muses Julia Roberts et Anne Hathaway, son acteur fétiche Hector Elizondo, Taylor Swift ou encore Jessica Biel), suivi de Happy New Year (Robert de Niro, Katherine Heigl, Ashton Kutcher, Zac Efron, Michelle Pfeiffer) consacrent le cinéaste dans ce genre, qu'il répétera une dernière fois en prenant pour décor un autre moment-phare du calendrier, la Fête des Mères. Le film, sortira au printemps dernier, voit Marshall collaborer avec Julia Roberts dans le rôle d'une écrivaine à succès qui avait abandonné sa fille (Britt Robertson). Kate Hudson, Jennifer Aniston et Jason Sudeikis héritaient des autres rôles-clés du film.
Christopher Ramoné