Mort de Margaret Thatcher : Le parcours d'une femme intransigeante et déterminée

La Dame de fer Margaret Thatcher est morte d'une attaque lundi 8 avril à Londres, une annonce faite par son porte-parole Lord Tim Bell. Une cérémonie mais pas de funérailles nationales auront lieu, selon des sources officielles. "Downing Street est en mesure d'annoncer, que, avec le consentement de la reine, Lady Thatcher aura des funérailles avec les honneurs militaires", a indiqué un porte-parole, précisant que la cérémonie aurait lieu à la cathédrale St Paul à Londres et qu'elle serait suivie d'une "crémation en privé". Cette figure du Parti conservateur du Royaume-Uni, décédée à 87 ans, laisse derrière elle un parcours impressionnant. Son mandat de Premier ministre de onze ans et demi a été marqué par la Guerre des Malouines, la question irlandaise et sa fermeté face aux mineurs en grève dans son pays.

L'actuel Premier ministre David Cameron, qui a écourté son séjour en Madrid et à Paris, a déclaré à travers un communiqué : "Nous avons perdu un grand dirigeant, un grand Premier ministre et une grande Britannique." La reine Elizabeth II s'est dite "triste d'apprendre cette nouvelle", selon le palais de Buckingham et elle a transmis ses condoléances à la famille de Margaret Thatcher, notamment ses enfants Mark et Carol. Atteinte de la maladie d'Alzheimer et très affaiblie, l'ancienne femme d'État se faisait très rare depuis plus de dix ans. Elle a été victime de plusieurs attaques cérébrales et avait été hospitalisée en décembre dernier pour subir l'ablation d'une tumeur à la vessie, rappelle l'AFP.

Première et unique femme à la tête du gouvernement du Royaume-Uni, figure de l'histoire britannique et chantre du libéralisme économique sans concession, Margaret Thatcher avait voulu imposer le prestige de son pays au niveau mondial, mais se sera taillé une réputation de "Dame de fer" et aura nourri les colères populaires dans son pays. La musique et le cinéma britanniques des années 1980 en sont les témoins engagés.

Conservatisme et libéralisme

Née Margaret Hilda Robert le 13 octobre 1925 à Grantham dans le centre de l'Angleterre, elle reçoit une éducation stricte de son père , qu'elle admire, un prédicateur, bénévole et laïc, de l'Eglise méthodiste, ce qui n'est pas sans lien sur la femme qu'elle est devenue, prônant le conservatisme social, le libéralisme économique et la grandeur de la Grande-Bretagne. A force de travail, elle décroche une bourse au Collège Somerville d'Oxford, où elle obtiendra une licence en chimie et une autre en lettres, précise Le Monde. Mariée en 1951 à l'homme d'affaires divorcé Denis Thatcher, elle devient avocate, rejoint le Parti conservateur, puis entre à la Chambre des communes comme député de Finchley (Nord de Londres). De 1970 à 1974, elle est ministre de l'Éducation sous le mandat d'Edward Heath.

Sa pugnacité et son travail lui permettent de prendre la tête des Tories (Parti conservateur) en 1975 et quatre années plus tard, elle bat les travaillistes et devient la première femme à obtenir le titre de Prime Minister. Elle détient de surcroît le record de longévité à ce poste. Durant ses années à la tête du gouvernement, elle relancera l'économie de son pays à coups de privatisation, de baisses des impôts et des dépenses publiques, tout en muselant les puissants syndicalistes. Une attitude qui explique sans mal son surnom de "Dame de fer", refusant les compromis et remportant ainsi la "victoire" face aux mineurs grévistes au début des années 1980. Sa fermeté sera aussi implacable face à la situation en Irlande du Nord et la tristement célèbre grève de la faim de l'activiste Bobby Sands. A l'étranger, la reconquête des îles Malouines face à l'Argentine en 1982 permet de montrer au monde entier sa force et, selon Lech Walesa, chef historique du syndicat polonais Solidarność, elle a contribué à la chute du communisme en Europe. Pour mémoire, indique La Tribune.fr, ce sont les soviétiques qui l'ont affublée de ce fameux surnom d'"Iron Lady".

La fin du thatchérisme

L'ère Thatcher prendra fin en 1990, avec le rejet de la poll tax, taxe locale qu'elle ne réussira pas à imposer. Si peu de temps auparavant, elle s'était montrée décontractée devant les députés, maniant l'humour, elle démissionne, les larmes aux yeux. "Je pars, car l'unité du Parti conservateur et les perspectives de victoire aux prochaines élections seront meilleures sans moi," dira-t-elle à la reine en l'informant de sa décision. Le journal d'Antenne 2 du jour de son départ expliquera que la Dame de fer aura été victime de son entêtement, chassée par sa propre formation politique, obnubilée par les prochaines élections législatives : "Maggie a préféré la démission à une humiliation très probable," déclarera le journaliste Henri Sannier. De son côté, Margaret Thatcher dira : "Nous quittons Downing Street pour la dernière fois après onze années et demi merveilleuses, et nous sommes très heureux de laisser le Royaume-Uni dans un état bien, bien meilleur que lorsque nous sommes arrivés." Le conservateur, plus modéré, John Major prendra sa suite à la tête du pays. Le Monde ajoute que, "devenue baronne, elle siège à la Chambre des Lords. Elle est ravie de voir que les Premiers ministres travaillistes Tony Blair et Gordon Brown préserveront son héritage législatif. Elle gagne surtout beaucoup d'argent en donnant des conférences un peu partout dans le monde".

Margaret Thatcher se retire de la vie politique définitivement en 2002 pour des raisons de santé. Le 14 octobre 2010 d'ailleurs, souffrant d'une grippe, elle doit renoncer à participer à une réception au 10 Downing Street pourtant organisée pour son 85e anniversaire par le Première ministre David Cameron. Un an plus tard, elle subit la mort de son époux Denis, mais aussi des démêlés judiciaires avec son fils, Mark. Alors qu'en 2005, elle est hospitalisée, se plaignant de faiblesse, sa fille Carol Thatcher révèle en 2008 que sa mère souffre de démence sénile. Atteinte de la maladie d'Alzheimer, Margaret Thatcher fera finalement son dernier grand coup d'éclat à travers le cinéma et la performance de Meryl Streep. L'actrice américaine choisie pour l'incarner dans le biopic La Dame de fer obtiendra l'Oscar de la meilleure actrice en 2012. Sauveuse de la Grande-Bretagne pour ses partisans, tyran sans coeur pour ses détracteurs... une chose est sûre, Margaret Thatcher aura indéniablement marqué l'histoire contemporaine.