Michel Galabru n'est plus, depuis lundi 4 janvier. Mais ce qu'il laisse derrière lui, au cinéma, à la télévision et au théâtre est immense. Comédien populaire et talentueux qui est mort à 93 ans, il a su garder en lui jusqu'à ses derniers jours sa passion pour le jeu. Mais pas seulement : on louera son humour et sa franchise, qui ressortait d'ailleurs dans chacune de ses interviews ou dans ses livres. Pour rendre un nouvel hommage au fameux personnage qu'il était, voici quelques-unes de ses sorties les plus truculentes.
Le doyen des comédiens français clamait dans Gala en 2012 : "La vie est un théâtre où chacun doit jouer juste."
"La vie commence à ne plus m'intéresser, j'ai d'ailleurs songé quelques fois à me supprimer, n'y renonçant que faute de courage", confesse-t-il dans Libération en 2015. Il faut dire que le comédien est très affecté par deux morts récentes : celle de sa femme Claude en août dernier, "dans des circonstances atroces, des suites de la maladie de Parkinson", et celle de son deuxième frère tant aimé (un premier est décédé de la tuberculose à 18 ans, rappelle Libération), Marc, en 2014.
Un moyen pour lui de continuer à s'accrocher à la vie, jouer : "Alors continuer à monter sur scène comme hier soir à Ramatuelle après cette épreuve, oui bien sûr... Qu'est ce que vous voulez, c'est un moment d'arrêt dans la souffrance. Cela permet de ne pas trop penser pendant qu'on joue", a-t-il déclaré à Nice Matin en 2015.
Michel Galabru parle en 2015 sur RTL du temps qui passe et de la mort : "Je vais friser les 93 ans, mais 93 ans c'est la mort à brève échéance. Vous avez vu dans quel état ils sont [les centenaires] ? Vous avez vu marcher un centenaire ? Est-ce qu'il ne vaut mieux pas s'arrêter là ?"
En 2013, Michel Galabru est face à Véronique Barbier, présentatrice du journal de 13h sur RTBF. La star était en tournage dans une école de la province de Liège pour le film Sacré Charlemagne. Il a expliqué qu'il avait parfois participé à des tournages particuliers : "Quelquefois, on se trompe. Je suis tombé dans des catastrophes. Ils étaient tous pédés." Le site de La Dernière Heure distingue ensuite la phrase : "J'ai été pris comme un pédé moi aussi."
Sur Europe 1 en 2009, il confiait déjà être obsédé par la mort qu'il estime "imminente". "J'y pense le soir en me disant que, peut-être, je ne me réveillerais pas le lendemain".
En 2015, Michel Galabru déclarait au Figaro : "On m'a mis dans une multitude de films dont je ne connaissais même pas le sujet les trois quarts du temps parce qu'on me donnait deux jours, raconte-t-il au Figaro. Alors on me dit que j'ai fait 200 films. Non, j'ai fait 180 fois deux jours en moyenne. Et puis, j'ai eu le bonheur de faire quelques long métrages dans leur longueur."
Et toujours au Figaro, quand il revient sur sa participation culte dans Bienvenue chez les Ch'tis : "On m'avait demandé si je voulais tourner un jour. J'avais refusé. J'ai dit à Dany Boon que 'jouer une journée ne m'intéressait pas'. On m'a à nouveau téléphoné. Boon a insisté et a doublé mon cachet. On m'a donné un bon salaire, très intéressant, et ils m'ont trouvé cette réplique à la con."
"Quand le public n'est pas bon, on n'est pas bon", annonçait-il sur TV5 Monde en 2014. Le reste de l'interview permet de voir à quel point il était passionné par son métier.
"Pas de tendresse, ni rien, je m'en fous! Ce sont des films qui étaient ce qu'ils étaient. Je les ai fait parce que j'avais besoin de travailler", affirmait-il au Figaro quand on lui demandait s'il avait de la tendresse pour ses "nanards" en 2015.
Pas de langue de bois non plus pour Michel Galabru qui parle de son passé en toute honnêté en 1996 à Paris Match : "A mon époque, les femmes, c'était le péché mortel ! Alors, ma foi, je remercie toutes les putes que j'ai connues. Grâce à elles, j'ai perdu ma virginité au 18 (de la rue Alfred-Bruyas, à Montpellier), et j'ai gagné un titre pour mes Mémoires..."
"On m'a plus souvent proposé d'incarner des personnages bêtas que des déséquilibrés ! Mais les serial killers me fascinent. D'ailleurs, vous ne trouvez pas que j'ai la tête de l'emploi ?", confie-t-il dans Ici Paris en 2012.
Pointure de l'humour, mais lucide. En 1991 à la télévision, il disait : "Tu sais c'est facile à dire, tu fais rire. Y a un moment où on prend des bides." Retrouvez toute la savoureuse séquence ci-dessous.
Assis non loin de Vanessa Paradis, Michel Galabru a répondu sans tabou à l'interview "psy" de Thierry Ardisson : "Je suis gros lolo... Je suis petit lolo... Je suis lolo complet. C'est extraordinaire et je regrette de ne pas en avoir."
Son livre Pensées, répliques et anecdotes (2006, édition du Cherche midi) fourmille de citations géniales :
"Le médecin m'a conseillé le jogging. Il m'a dit que je gagnerai des années de vie. Il avait raison. Je me sens plus vieux de dix ans."
"On m'a toujours dit qu'il fallait respecter les plus âgés que soi. Plus ça va, moins j'ai de gens à respecter !"
Le respect que l'on a pour Michel Galabru est et restera éternel.