La nouvelle est tombée samedi 2 juillet 2016, au soir : Michel Rocard, ex-Premier ministre, député européen, sénateur et même ambassadeur de France, est mort des suites d'un cancer à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à l'âge de 85 ans. La classe politique de gauche a salué la mémoire et l'action de l'un de ses plus emblématiques représentants.
Ces dernières années, Michel Rocard ne s'était pas fait que des amis auprès de la gauche, notamment pour avoir accepté en 2009 une nomination offerte par l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy, au poste d'ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique et, encore plus récemment, pour avoir émis des réserves quant à la loi sur le Mariage pour tous, pourtant défendu par le candidat de gauche à l'élection présidentielle de 2012 et devenu président, François Hollande... Des opinions tranchées et des convictions chevillées au corps qui ont largement dominé sa carrière politique véritablement entamée en 1969 avec sa candidature à l'élection présidentielle, soit onze ans après ses débuts au service de l'État, au poste d'inspecteur des Finances. De son passage dans les plus hautes fonctions, on retiendra la mise en place du RMI ou de la CSG.
Michel Rocard aura occupé une quantité incroyable de postes au cours de sa carrière, ayant été ministre à deux reprises (de 1981 à 1985), Premier ministre de François Mitterand (1988 à 1991) mais également député des Yvelines à quatre reprises, député européen, sénateur des Yvelines, conseiller municipal et régional, ambassadeur... Quant au Parti Socialiste, il en a été le responsable entre 1993 et 1994 puis membre du bureau national. La gauche lui doit "le courant rocardien", dont se réclame notamment l'actuel Premier ministre et ancien collaborateur, Manuel Valls. Se disant "un peu orphelin", il a salué un homme dont l'engagement politique incarnait "la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité".
François Hollande a lui déclaré : "Michel Rocard fut un rêveur réaliste,un réformiste radical,animé par le mouvement des idées, le sort de la planète et de la destinée humaine." Quant à l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, il s'est souvenu "d'un militant et un homme d'Etat, un réaliste, mais pas un cynique, un modernisateur en économie (...), mais ce n'était pas un néo-libéral. C'était un social démocrate épris de dialogue social." Très ému, l'ex-ministre de la Culture Jack Lang, a lui ajouté : "Michel Rocard a constamment soutenu la culture. C'était un homme prodigieusement intelligent (...). Dans cette époque politique pas nécessairement brillante pour le monde, Michel Rocard était un homme d'exception." Y compris à droite les hommages se sont multipliés. Saluant un homme "engagé dans le combat d'idées", Nicolas Sarkozy a déclaré : "Je salue la mémoire de Michel Rocard et adresse à ses proches mes sincères condoléances."
L'ancien président de la République Jacques Chirac a rendu hommage dimanche à son "ami de jeunesse" dans une déclaration écrite à l'AFP. "La France perd un homme d État qui unissait, de manière rare, le goût des concepts et la capacité d'action et de réalisation", a-t-il ajouté.
Un hommage national doit lui être rendu et, lundi 4 juillet, une minute de silence est prévue à la mairie de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), dont Michel Rocard fut maire.
Thomas Montet