Samedi 9 avril, l'immense réalisateur Sidney Lumet rendait son dernier souffle, à l'âge de 86 ans, des suites d'un cancer. Il est décédé à New York, la ville qu'il connaissait si bien et qu'il a tant aimé filmer.
Depuis l'annonce de sa mort, les hommages se multiplient dans le monde du cinéma, et bien sûr ses comparses ne font pas exception. Notamment deux réalisateurs, célèbres eux aussi pour leur passion pour la Grosse Pomme : Woody Allen et Martin Scorsese.
Pour Woody Allen, Sidney Lumet "était définitivement la quintessence du réalisateur new-yorkais, même si ironiquement, son meilleur film, The Hill, a été tourné ailleurs. Je suis perpétuellement ébahi de constater combien ses films sont géniaux et combien certains acteurs ou actrices ont fourni leur meilleur travail sous sa direction. Connaissant Sidney, il aura encore plus d'énergie après sa mort que beaucoup de vivants."
Quant à Martin Scorsese : "La mort de Sidney Lumet marque vraiment la fin d'une époque. Il a commencé au théâtre comme acteur, a travaillé pendant l'âge d'or de la télévision en direct, et lorsqu'il a fait ses débuts de réalisateur en 1957 avec Douze hommes en colère, il était déjà un vétéran. Il avait un don unique avec les acteurs, une vision inhabituelle et dynamique de la narration, et un sens puissant de l'environnement. J'admire tellement certains de ses films - ses adaptations de Williams, Miller, Chekhov et O'Neill, sa version exquise du Meurtre de l'Orient Express, The Verdict - mais il était un réalisateur new-yorkais de coeur et notre vision de cette ville a été sublimée et dépeinte par des classiques comme Serpico, Dog Day Afternoon et surtout, le fantastique Prince of the City. C'est difficile d'imaginer qu'il n'y aura plus jamais d'oeuvres de Sidney Lumet. Une excellente raison de prendre bien soin de celles qu'il a laissées."
L'acteur fétiche de Sidney Lumet, Al Pacino, qui a joué dans deux de ses films, Serpico en 1973 et Dog Day Afternoon en 1975, a pour sa part déclaré : "On se souviendra bien sûr de Sidney Lumet pour ses films. Il laisse un extraordinaire héritage mais surtout, pour ses proches, il restera l'être humain le plus civilisé et l'homme le plus gentil que j'aie jamais rencontré. C'est une grande perte."
La musicien de génie Quincy Jones a lui fait part de sa tristesse à l'annonce de la mort de son ami : "Sidney m'a fait débuter dans la musique de films en 1963, avec The Pawnbroker, et j'ai été privilégié de travailler avec lui sur quatre autres films, dont The Wiz. Sidney était un réalisateur visionnaire dont les films ont apporté une marque indélébile sur notre culture populaire avec leurs commentaires vibrants sur la société. Les futures générations de réalisateurs s'inspireront du travail de Sidney mais personne ne parviendra jamais à s'en approcher."
Notre ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, a également tenu à saluer la mémoire de ce grand réalisateur. Dans un communiqué, il a salué son talent, lui qui "savait peindre la fragilité des êtres avec brio." "Le cinéma américain perd aujourd'hui l'une de ses plus grandes figures", affirme le ministre. "Il savait allier l'action avec une magie du texte, un sens formidable de la mise en scène et du dialogue", ajoute-t-il.
Sidney Lumet avait été marié quatre fois (avec Rita Gam, Gloria Vanderbilt, Gail Jones, et sa veuve Mary Gimbel, avec laquelle il était marié depuis 31 ans) et laisse derrière lui, deux filles, Amy et Jenny, neuf petits-enfants et deux arrière petits-enfants.
Redécouvrez quelques extraits des plus grandes oeuvres de Sidney Lumet.