Encore raté. Quand ce n'est pas Rafael Nadal, c'est Novak Djokovic qui prive David Ferrer d'un peu de lumière. Devenu l'un des joueurs les plus complets du circuit, ce dont atteste son rang actuel de numéro 3 mondial, le Valencian de 31 ans a de nouveau échoué à conquérir à Bercy un deuxième titre majeur dans sa carrière, un an après le premier, même endroit, (presque) même heure, mais pas même adversaire. Pour le plus grand bonheur de Jelena Ristic, fiancée du vainqueur.
On aurait bien aimé voir, comme l'an dernier, le très discret et élégant David Ferrer sortir de sa réserve sous l'effet de l'euphorie, se rouler par terre de bonheur, foncer, en pleine extase, vers la tribune pour embrasser sa non moins secrète Marta Tornel, rencontrée par l'entremise de la femme de son coach, Javier Piles... Mais le visage de la charmante Marta, fille d'un couple d'opticiens qui travaille pour l'affaire familiale dans sa ville natale de Benifaió, est resté impassible. À l'inverse, Jelena Ristic, survoltée pendant la rencontre, exultait en voyant Novak Djokovic, son fiancé depuis quelques semaines, triompher à l'arrachée (7-5, 7-5) après avoir été mené 5-3 dans chaque set : et c'était elle qui recevait le fameux baiser du bonheur. Trajectoires variées : alors que Nole et Jelena vont préparer leur mariage, on attend encore ce genre de nouvelles du côté de David et Marta, qu'il nommait sa "future femme" au moment de sa victoire à Valence en 2012...
Sevré de titres majeurs par son compatriote Rafael Nadal, qu'il a balayé en demi-finale samedi mais qui l'a privé de deux succès en Masters 1000 en 2010 et 2011 ainsi que de Roland-Garros en 2013, David Ferrer, crédité de 19 titres "mineurs" (7 en 500, 12 en 250) perdait sa première grande finale contre Novak Djokovic. Il retrouvera ses bourreaux à Londres cette semaine, opposé dès mardi à son compatriote - il s'est d'ailleurs agacé du calendrier, qui ne lui est pas vraiment favorable.
"C'est un grand compétiteur, un des joueurs les plus respectés car il travaille dur, est humble et vraiment quelqu'un de bien", a loué le Serbe à propos de son rival malheureux, à l'issue d'une finale qui a tenu toutes ses promesses, comme en a témoigné Guy Forget, dans des propos recueillis par L'Equipe : "On a assisté à des échanges d'une violence et d'une longueur inouïes, alors que l'un et l'autre essayait d'imposer un tennis varié, puissant. J'étais époustouflé. Malheureusement pour David Ferrer, à chaque fin de set au moment de conclure il a un tout petit peu coincé : le bras s'est un peu crispé, la balle est sortie moins vite. il a donné quelques points gratuits à Novak Djokovic qui, bien sûr, ne s'est pas gêné pour repasser devant. Le tennis est franchement un sport fou", s'est exalté l'ancien capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis et nouveau directeur du tournoi parisien, heureux du spectacle offert au public du POPB, dont de nombreuses personnalités.
La veille, dans les colonnes du Parisien, il confiait tout le bien qu'il pensait de David Ferrer, ce Poulidor du tennis, ce héros si discret, qui fait briller les autres : "David est très bien considéré dans le monde du tennis, mais c'est vrai qu'il est sous-médiatisé. Quand on a Federer, Djokovic, Nadal ou Murray devant, ce n'est pas facile de faire parler de soi, à moins de conduire des décapotables, de sortir avec des top-modèles ou de faire la une de la presse à scandales. Et comme ce n'est pas son style... Il est dans l'ombre et ça lui convient. Son nom ne parle peut-être pas aux spectateurs, mais quel champion !"