La mort à 56 ans du prince François d'Orléans, survenue dans la nuit du 30 au 31 décembre 2017, a provoqué une vive émotion au sein de la famille du comte de Paris et des cercles proches de la maison orléaniste, et suscité une tristesse unanime à l'occasion des hommages qui lui ont été rendus en la chapelle royale Saint-Louis à Dreux (Eure-et-Loir), lors de la chapelle ardente et de ses obsèques le lendemain, samedi 6 janvier 2018. Mais si la disparition du fils de France au destin contrarié a réglé la question de la succession, elle n'a toutefois pas éteint toutes les passions : la présence simultanée de sa mère la duchesse de Montpensier et de l'épouse en secondes noces du comte de Paris a fait jaser, dans les milieux intéressés...
Louise-Marguerite (3 ans) avait un lien particulier avec mon frère, elle était une des rares à pouvoir lui tenir la main
À la veille de l'inhumation du fils aîné d'Henri d'Orléans (84 ans), comte de Paris, et de son ex-femme, de nombreux anonymes, Drouais ou habitants de la région, étaient déjà venus se recueillir "avec ferveur" auprès de la dépouille de François d'Orléans, ainsi que l'a relaté le quotidien régional L'Écho républicain. "Ce sont des gens qui partagent notre vie. On voyait le prince François avec sa mère, à la messe, dans les rues de Dreux", s'est notamment remémoré avec une certaine tendresse un couple du cru, pendant que le journal local pouvait observer Jean d'Orléans, désormais dauphin de France sans conteste, sa femme la princesse Philomena et leur progéniture, en particulier leur fille la princesse Louise-Marguerite, 3 ans, aux abords de la chapelle. "Louise-Marguerite avait un lien particulier avec mon frère, le prince François, lui a d'ailleurs confié le prince Jean. Elle était une des rares à pouvoir lui tenir la main. Elle était à la fois sensible à sa différence et s'en sentait, à la fois, proche."
Comme sa soeur la princesse Blanche (55 ans), le prince François d'Orléans souffrait d'un handicap mental lourd, conséquence de la toxoplasmose, infection dont il avait été atteint pendant la grossesse de sa mère. Héritier désigné, aîné d'une fratrie de cinq, de son père, il avait été irréversiblement écarté en 1981 de l'ordre de succession des prétendants orléanistes au trône de France par son grand-père Henri d'Orléans. L'actuel comte de Paris, après la mort de son père et prédécesseur, avait d'abord confirmé en 1999 cet état de fait et le statut de dauphin du prince Jean, son deuxième fils, avant de faire machine arrière en 2003 et de restituer à François ses droits dynastiques, faisant alors de Jean le "régent" de son aîné handicapé – position qui n'avait depuis plus changé et que le comte de Paris avait même réaffirmée en mai 2016 par le biais d'un entretien publié dans la revue Point de vue dans lequel il disait reconnaître François comme son héritier à la tête de la maison de France. Jean d'Orléans lui avait répondu peu après, contestant via un communiqué du 1er août de la même année ces décisions et affirmant qu'il serait le prochain chef de la maison de France, en vertu de "l'acte souverain" du défunt comte de Paris en date du 25 septembre 1981.
Depuis le décès de son frère François, dont il était très proche et dont il était le tuteur légal, le prince Jean est désormais dauphin sans contestation possible et, dans ces tristes circonstances, la famille était rassemblée par une tristesse partagée. "Hier nous avons dit Adieu à notre cher Prince François, entourés de centaines d'amis. Merci à vous tous qui nous avez dit votre sympathie sur les réseaux sociaux. Cela compte beaucoup", a témoigné dimanche 7 janvier Jean d'Orléans sur Facebook.
Beaucoup ont souligné la dignité de la très appréciée duchesse de Montpensier (titre de courtoisie dont celle qui est née Marie-Thérèse de Wurtemberg use depuis son divorce du comte de Paris en 1984) lors de la messe de requiem célébrée par l'abbé Jean-Marie Lioult, qui connaît bien la famille d'Orléans. Le curé de Dreux, qui a baptisé les deux derniers enfants du dauphin, a d'ailleurs rappelé que c'est précisément dans cette chapelle que prince François avait reçu le baptême. Elle est maintenant, comme pour tous les défunts princes d'Orléans, sa dernière demeure, où il repose à la gauche de son défunt grand-père le comte de Paris, décédé en 1999.
Grâce au blog spécialisé Noblesse & Royautés et tout particulièrement aux récits et commentaires d'un de ses utilisateurs nommé Charles, on apprend que "le début de la messe fut particulièrement émouvant, avec des témoignages poignants d'amis et d'éducateurs du Prince François qui vivaient avec lui dans un foyer de l'Arche à Paris". Des témoignages à travers lesquels a été brossé le portrait d'un "pilier" du foyer, un homme joyeux salué pour sa gentillesse, toujours souriant et toujours heureux de retrouver sa famille, "qui aimait danser et taquiner ses camarades".
Outre le comte et la comtesse de Paris, assis à droite du cercueil dans la chapelle royale, et la duchesse de Montpensier et la princesse Blanche, à gauche, le premier rang était occupé par le reste de la fratrie : la princesse Marie d'Orléans (58 ans) avec son mari le prince Gundakar du Liechtenstein et leurs cinq enfants (dont la princesse Marguerite, qui était la filleule du défunt), le prince Jean (52 ans) avec la princesse Philomena et leurs quatre enfants (Gaston, 8 ans, Antoinette, 6 ans le 28 janvier, Louise-Marguerite, 3 ans, et Joseph, 1 an) et le prince Eudes, le benjamin (49 ans), avec son épouse Marie-Liesse et leurs deux adolescents (Thérèse et Pierre). Dans l'assistance, on pouvait observer d'autres membres de la famille de France, à l'instar des jumeaux Michel, comte d'Evreux (qui avait à ses côtés son épouse en secondes noces, Barbara de Posch-Pastor, avec laquelle il s'est marié en avril 2017), et Jacques, duc d'Orléans, oncles du défunt, respectivement avec leurs fils Charles-Philippe, duc d'Anjou, d'une part, et d'autre part Charles-Philippe, duc de Chartres, et Foulques, comte d'Eu, ou encore leur soeur princesse Chantal de France, avec son fils le baron Alexandre de Sambucy de Sorgue.
Et au nombre des amis figurait l'incontournable Stéphane Bern, propriétaire en Eure-et-Loir de l'Ancien collège royal et militaire de Thiron-Gardais et proche de la famille royale de France.
Au terme de la cérémonie, note encore le blog Noblesse & Royautés, le comte de Paris "s'est éclipsé afin de laisser la Duchesse de Montpensier et leurs enfants Marie, Blanche, Jean et Eudes recevoir les condoléances de l'assistance". Un geste que beaucoup ont interprété comme une marque de délicatesse et d'hommage envers son ex-épouse la duchesse de Montpensier et leurs enfants, lesquels se sont dévoués toute leur vie pour le prince François quand lui, le comte de Paris, a choisi de suivre une autre voie... Mais c'est surtout la présence au premier plan de son épouse en secondes noces (scellées en 1984), Micaela Cousino, qui a suscité les réactions les plus virulentes. "Indélicat", "choquant" ou même "minable"... La comtesse de Paris se voit accuser d'avoir occupé une place qui aurait dû revenir à la mère du prince François, et à cet égard, une scène, en particulier, a heurté la sensibilité des observateurs de la famille royale de France : ce moment où Micaela, qui a quelque difficulté à se déplacer, a délibérément saisi le bras de son mari plutôt que les autres se tendaient pour suivre le cercueil du défunt jusqu'à la crypte, reléguant la duchesse de Montpensier, mère endeuillée, derrière elle...
"Je crois que ceux qui étaient les plus proches ont vu dans le regard triste et affectueux de la duchesse de Montpensier à la fin de la messe, au moment où le cercueil de son fils descendait à la crypte, qu'elle souhaitait prendre le bras du comte de Paris puisque leur douleur était la même", commente un témoin de ces instants qui ont peiné bien des personnes présentes. Mais la dignité, dans la douleur, de la duchesse l'a emporté sur tout le reste, comme le relate avec émotion le fameux Charles : "Il y avait beaucoup de dignité et de douceur chez cette Princesse hors norme qui a vécu tous ses chagrins avec noblesse, écrit-il avec effusion. À la fin des cérémonies, la Duchesse de Montpensier est restée debout pendant près de deux heures pour recevoir les condoléances de la famille, du gotha, des proches et des amis au côté de ses quatre enfants. Le moment le plus bouleversant mais aussi le plus joyeux fut le moment où les pensionnaires de l'Arche et les éducateurs du foyer offrirent leurs condoléances. J'ai vu les amis de François littéralement sauter au cou de la Princesse, l'embrasser avec effusion, j'ai vu Princesse Blanche embrasser toutes ses copines du foyer avec une joie infinie, j'ai vu la Duchesse de Montpensier réconforter les plus tristes. Ce moment de grâce m'a marqué et je salue la dignité de la Princesse Marie-Thérèse qui a tout donné à sa famille."