Véritable machine à produire des bombes, la série 007 est capable de modeler une actrice inconnue en quelques mois et de lui ouvrir au passage toutes les portes des studios. Mais le revers de cette médaille hollywoodienne ne tarde pas à faire son apparition pour ces comédiennes trop vite cantonnées aux rôles de poupées.
Remarquée dans les mauvais films d'action Hitman (2007) et Max Payne (2008), Olga Kurylenko s'est retrouvée sous les projecteurs avec l'étiquette glamour de James Bond Girl dans Quantum of Solace (2008). Un véritable tournant dans la carrière de cette Ukrainienne trilingue, consciente des risques d'une telle promotion : "Après Quantum of Solace, j'ai eu peur du syndrome James Bond Girl, j'ai donc cherché à prouver que j'étais autre chose que cette fille sexy. Cela impliquait de choisir les bons rôles, et donc, de refuser beaucoup de propositions. J'ai souvent dit non parce que le personnage que l'on m'offrait ne me convenait pas, même si ça impliquait de passer à côté d'acteurs et réalisateurs avec lesquels je rêvais de tourner !", avoue-t-elle à Be.
Après les déceptions Loin d'Eden (2009) et Centurion (2010), à cheval entre le spectacle hollywoodien et le film d'auteur, Olga Kurylenko semble trouver le chemin de la rédemption. De retour en Ukraine, elle a tourné La Terre outragée, un drame sur un couple de jeunes mariés déchirés par la catastrophe de Tchernobyl. Un rôle pour lequel elle a dû se battre et prouver qu'elle capable de se débarrasser des artifices hollywoodiens : "Quand j'ai lu le scénario, j'ai tout de suite senti que ce film était fait pour moi. (...) Bizarrement, au début du tournage, je me suis sentie un peu étrangère [elle a quitté le pays à 15 ans], on m'a même dit que j'avais un accent ! Mais il a suffi d'une semaine pour que je redevienne ukrainienne..." Elle confie même avoir été "l'une des rares à dormir à Tchernobyl pendant le tournage. L'équipe, qui avait peur de la radioactivité, avait choisi un hôtel à une heure et demie de route."
Comme Eva Green, révélée aux monde entier dans Casino Royale (2006), Olga Kurylenko travaille à nuancer cette image de belle plante, sans pour autant tourner le dos à Hollywood. Actuellement occupée sur le tournage d'un blockbuster de science-fiction encore sans nom avec Tom Cruise, l'actrice de 32 ans est attendue dans le thriller The Expatriate avec Aaron Eckhart, Seven Psychopaths avec Colin Farrell et l'un des mystérieux projets de Terrence Malick avec Ben Affleck et Rachel McAdams. Le film de guerre There Must Be Dragons de Roland Joffé et Empire of the Deep, une superproduction qui raconte l'histoire d'amour entre une sirène et un humain, sont encore coincés dans les limbes de la post-production et distribution.
Mais se réinventer n'est pas chose facile pour une James Bond Girl : "Ce n'est pas évident : il faut du temps pour changer une image, surtout auprès du grand public, qui ne voit pas les 'petits films que je tourne !" Désireuse de jouer sur tous les tableaux, Olga Kurylenko s'apprête à sortir la carte télévision avec la série Magic City, une production très attendue sur la chaîne Starz. Fortement inspirée par le succès de Mad Men, elle se déroule dans le Miami des années 50, une ville où se croisent gangsters, célébrités et hommes politiques corrompus. Un autre rôle de femme fatale pour le sex-symbol, et un nouveau pas dans la carrière de cette actrice exigeante.
La Terre outragée, en salles le 28 mars.
Retrouvez l'interview d'Olga Kurylenko dans Be, 22 avril 2012.