C'est au huitième étage de l'immeuble de la Gaumont, à Neuilly-sur-Seine, qu'Olivier Marchal, ancien flic de la Brigade criminelle, a donné une conférence de presse devant une poignée de journalistes. Il a souhaité prendre la défense de son pote, le numéro deux de la police judiciaire de Lyon, Michel Neyret, accusé notamment de trafic d'influence et trafic de stupéfiants. Michel Neyret est actuellement en détention provisoire à la prison de la Santé à Paris.
Pour celui qui est devenu acteur, puis réalisateur, Michel Neyret est en fait "un incorruptible", a-t-il assuré. "Quand j'ai entendu son histoire, je n'y croyais pas. C'est un incorruptible", a affirmé Olivier Marchal, 52 ans qui vient de tourner Les Lyonnais, à Lyon justement. "J'étais en voiture. Je me suis arrêté pour pleurer", a-t-il précisé.
Le visage très marqué par cette affaire, émouvant, stressé, Olivier Marchal a défendu son ami en expliquant : "Un flic qui détourne de la came pour rétribuer un dealer, c'est le boulot. On faisait tous ça. Dans les années 90, on serait tous tombés... Neyret, c'est un homme bien, un flic extraordinaire, un oiseau de nuit, parce que c'est la nuit qu'on fait le boulot. Mais dans un pays aseptisé, il n'a plus sa place", a-t-il insisté.
"Aujourd'hui, peut-être que je me trompe, mais tant pis, j'assume. J'espère qu'il a juste déconné en croyant bien faire son boulot", a-t-il dit, réfutant les informations sorties ici ou là selon lesquelles Michel Neyret aurait été conseiller technique sur son film : "Avec Neyret, on était ensemble au SRPJ de Versailles. On s'est retrouvés 30 ans après à Lyon, c'est tout." Il a tenu à affirmer : "Ce type n'est pas un salopard, il est actuellement exécuté à bout portant, il n'a fait que son métier."
Concernant Gilles Bénichou, un homme proche des milieux lyonnais et soupçonné d'être lié à Michel Neyret, il a tourné dans deux films d'Olivier Marchal, Braquo et Les Lyonnais. "Je ne savais pas à qui j'avais à faire. Il a bien caché son jeu. J'ai rompu tout contact avec lui", a plaidé le réalisateur, concluant par : "Je ne peux pas croire que tout cela soit vrai, c'est un voyou qui a balancé Neyret, et celui qui a fait ça est une crevure."
"Je m'étonne de ne pas avoir été déjà convoqué comme témoin. Ce serait logique, même si je n'ai rien à me reprocher et mes collaborateurs non plus", a-t-il encore dit. Il ne reniera pas son amitié avec Michel Neyret et veut aller le voir en prison, en espérant que son pote n'y restera pas longtemps. A noter que cette conférence de presse restreinte s'est tenue sous l'affiche mythique des Tontons Flingueurs.
A 52 ans, cet ancien "poulet", comme il dit, est passé au cinéma, devant et derrière la caméra, depuis une vingtaine d'années, incarnant des histoires de flics et des histoires d'hommes - Ne réveillez pas un flic qui dort, Le fils à Joe, Pour elle - avant de les porter lui-même à l'écran avec Gangsters, 36, quai des Orfèvres, MR 73, jusqu'au tout dernier, Les Lyonnais avec Gérard Lanvin et Tcheky Karyo dont la sortie est prévue le 30 novembre.
Le film a été entièrement tourné à Lyon pendant quatre mois, de juillet à octobre 2010.