Ophélie Claude-Boxberger s'est-elle volontairement dopée ? En septembre dernier, le coureuse de 31 ans a été contrôlée positive à l'EPO au centre d'entraînement de Font-Romeu et a été suspendue provisoirement. Dans le cadre de l'enquête, l'athlète, qui a participé aux derniers championnats du monde de Doha (Qatar), a été interrogée par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte le 14 octobre dernier pour "détention, acquisition et transport de substance ou méthode interdite dans le cadre d'une manifestation sportive" et "falsification de tout élément relatif au contrôle". Placée en garde à vue durant quarante-huit heures, elle en est ressortie libre le 29 novembre. Car Ophélie Claude-Boxberger a un alibi.
Un rebondissement spectaculaire, au timing incroyable, permettrait de dédouaner la coureuse, spécialiste du 3 000 m steeple, qui crie son innocence depuis le début du scandale. Il s'agit du témoignage de l'un de ses proches, qui s'accuse de lui avoir inoculé le produit dopant à son insu.
Cet homme, nommé Alain Flaccus, est le compagnon de la mère d'Ophélie Claude-Boxberger et fait partie de son encadrement sportif. Lors de sa garde à vue, il a avoué lui avoir administré une piqûre d'érythropoïétine, alors qu'elle se serait assoupie après un massage, a indiqué la source à l'AFP, confirmant des détails donnés par L'Equipe. Cette source a cependant appelé à "la prudence", en envisageant l'hypothèse que ce proche "se sacrifie", "seule manière pour elle de s'en sortir" et d'éviter une suspension inéluctable de quatre ans.
Interrogée par L'Est Républicain à l'issue de sa garde à vue, Ophélie Claude-Boxberger n'a pas hésité à dénoncer "une machination". "J'ai enfin compris des choses, compris comment on avait retrouvé de l'EPO dans mon corps. Les faits sont là", a-t-elle déclaré, sans expliquer le mobile qui aurait motivé le compagnon de sa mère. "Cette personne a profité d'un instant de faiblesse psychologique et physique. Il y aurait préméditation, volonté de nuire à ma carrière sportive et exercice illégal de la médecine", a-t-elle ajouté.
Invitée dans l'émission Tout le sport sur France 3 le jour de sa sortie de garde à vue, elle a aussi révélé le passé douloureux qui la lie à cet homme, expliquant qu'elle avait, des années plus tôt, déposé puis retiré une plainte contre lui pour agression sexuelle.
L'annonce du contrôle positif de Claude-Boxberger, 31 ans, avait déclenché un avis de tempête sur la Fédération française d'athlétisme, déjà fragilisée par de mauvais résultats aux Mondiaux de Doha (seulement 2 médailles), une guerre de clans et une succession de scandales liés au dopage (affaires Clémence Calvin et Morhad Amdouni).
La relation sentimentale de l'athlète avec le médecin de l'équipe de France d'athlétisme Jean-Michel Serra, chargé de son suivi médical, n'avait fait qu'amplifier le scandale, conduisant l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) à signaler les faits au parquet de Paris, qui a ouvert l'enquête préliminaire. Le médecin avait été épinglé en juin pour s'être inquiété auprès de l'AFLD du nombre de contrôles subis par Claude-Boxberger, sans en informer sa hiérarchie.
Ces nouvelles révélations n'éteignent pas la procédure ouverte par l'AFLD, qui "continue de mener l'enquête préalable à la saisine de la commission des sanctions". "La sportive pourra apporter toute explication et tout élément matériel de preuve dans le cadre de sa défense", a ajouté l'agence dans une déclaration à l'AFP.