Le scandale n'est pas une chose aisée à manipuler. Un an après les propos mémorables de Lars von Trier lors de la conférence de presse de Melancholia (2011) au Festival de Cannes, Sacha Baron Cohen semble rêver d'une promotion similaire pour sa comédie décalée The Dictator - son arrivée en chameau en est la preuve.
Pourtant, c'est loin du Festival de cinéma que le buzz est né. Au beau milieu d'une interview pour son blockbuster Battleship, le réalisateur américain Peter Berg a visiblement perdu le contrôle face à un journaliste. Plus habitué aux discours plats des machines marketing des superproductions, Jason Holt a ainsi pu entendre l'avis du cinéaste sur le Moyen-Orient : "C'est un vrai bordel, parce qu'on doit décider si c'est préférable de permettre à l'Iran de s'armer ou si un Iran doté de l'arme nucléaire est moins une menace qu'un Iran attaqué. Si on attaque l'Iran maintenant, ils riposteront. Il y aura du sang. Des Israéliens vont mourir non ? (...) C'est le problème le plus sérieux de notre planète actuellement. Plus important que le film Battleship. Que je suis très heureux d'avoir réalisé. Et j'adore Rihanna, c'est une super actrice."
Mais les choses s'emballent lorsque Peter Berg s'adresse directement à son interlocuteur pour lui demander s'il s'était engagé dans l'armée israélienne. Forcément surpris, le journaliste hésite quelques secondes avant de lui répondre non. Très étonné, le réalisateur lui demande alors s'il a volontairement refusé de se plier à l'appel de son pays, utilisant le terme peu reluisant de draft dodger, très commun lors de la guerre du Vietnam.
La surprise du journaliste n'aidant pas, il continue de plus belle : "Tu dois rejoindre l'armée petit con ! (...) Tu as quel âge ? C'est quoi ton nom ? Jason quoi ? Jason Holt ? Ça n'est pas très juif. (...) Mon père aussi était juif. (...) On n'est pas censé rejoindre l'armée isaréelienne ? Quand est-ce que tu comptes rejoindre l'armée ?" Au pied du mur, le pauvre journaliste décide de couper court au débat avec le sourire.
Pour sa part, Peter Berg semble avoir confirmé quelques idées préconçues sur les Américains, une nation friande de blockbusters décérébrés et patriotiques.