Le parquet de Béziers a ouvert une enquête pour viol à l'encontre de Philippe Caubère. Le comédien, dramaturge et metteur en scène est accusé par Solveig Halloin, une ancienne comédienne. Le récit de sa dénonciatrice, face à la caméra du Huffington Post, fait froid dans le dos : la jeune femme décrit une relation toxique dans laquelle Caubère a abusé de l'admiration qu'elle lui portait pour la violer. Depuis que l'information a été révélée par LePoint.fr, dans la soirée du mardi 17 avril 2018, l'acteur se défend comme un lion dans les médias (RTL, FranveTvInfo, etc.). Dans Libération, il reconnaît cependant être "terrorisé"...
"Je suis terrorisé, j'ai l'impression d'être coupable d'emblée. Pourquoi ? Parce j'ai pris position au moment de la loi stigmatisant les clients de prostituées ? Parce que je n'ai jamais caché que j'en étais client ? Je parle de cul dans mes spectacles, mais la violence n'a pas sa place là-dedans." De violence, il est question dans le témoignage de Solveig Halloin. De violence psychologique mais aussi physique quand elle décrit son viol, dans des termes très crus. Philippe Caubère a dû mal à l'entendre, à l'imaginer même : "Frapper une femme, je ne sais pas comment vous dire, c'est contre mon idéologie, ma culture, mon éducation, ma famille artistique au Théâtre du Soleil [dirigé par la mythique Ariane Mnouchkine, NDLR]."
Je ne l'ai pas traitée de salope ou de pute. Franchement, je réserve ça à mes amoureuses
Pour autant, la défense de Caubère est parfois dérangeante. Dans Nice-Matin, à propos des messages qu'il aurait envoyés à sa dénonciatrice, il affirme : "Il est possible que je lui ai envoyé des textos de cul, oui ! (...) Mais je ne l'ai pas traitée de salope ou de pute. Franchement, je réserve ça à mes amoureuses..."
En pleine tempête, l'acteur devra monter sur scène. Dès ce jeudi soir, au Liberté à Toulon, le théâtre des frères Berling, il joue Le Bac 68, spectacle pour lequel il a reçu le Molière 2017 du comédien dans un spectacle de théâtre public. Vendredi et samedi, il présentera avec Adieu, Ferdinand ! les derniers épisodes de sa saga autobiographique. Dans Libé, Caubère exprime son inquiétude, il ne sait pas comment il réussira à jouer. "Même si, il nous l'explique, il parlera aux spectateurs le plus franchement du monde et que sa productrice et compagne [Véronique Coquet] sera au premier rang, texte en main, au cas où il ait des trous", écrivent nos confrères. "Il va falloir que je chasse ça de ma tête pour continuer à bien les jouer, poursuit-il dans Nice-Matin. Mes spectacles, c'est toute ma vie."
Toujours selon Libération, l'acteur a reçu le soutien de Charles Berling, directeur du Liberté, mais aussi de Jean Varela, directeur du Printemps des comédiens à Montpellier, dont la position est simple : "D'abord s'opposer à toute forme de violence sexuelle. Ensuite, respecter la présomption d'innocence. Enfin, il y a une affaire judiciaire. On va la suivre très attentivement."
Dans son témoignage au Huffington Post, Solveig Halloin expliquait avoir abandonné le théâtre et s'être engagée à corps perdu contre toutes les violences. Libération apporte cette précision à propos de son engagement auprès de Femen. Le mouvement féministe international raconte : "Solveig Halloin a de manière automne repris les codes de nos actions à plusieurs reprises, mais n'a jamais été adhérente de Femen et n'y a pris part que quelques jours lors d'un camp d'été en 2013. Ces approximations n'enlèvent cependant rien au fait que Femen soutient toutes les femmes qui se disent victimes de violences et osent briser le silence."