Difficile de ne pas entendre encore dans Je me comprends tout seul, premier extrait de l'album Légendaire Sérénade qu'a fait paraître au mois de février le french reggaeman self made Pierpoljak, l'amarre des presque quatre années de Robinsonnades de l'intéressé au début de la dernière décennie :
"Je suis rentré comme toujours à Paris/La queue entre les jambes, seul, et sans amis/La solitude et le ciel gris/Ont stoppé net mon ambition", chante le barde roots que le très grand public a découvert avec le single-titre de son album éponyme, Pierpoljak ("Je veux quitter le monde des fous pour de bon").
Car, après la parution de J'fais c'que j'veux en 2000 et un pneumothorax, l'ex-punk radical devenu dévoué au reggae lors de son chapitre de vie londonien avait mis les voiles, pour faire le tour du monde et nettoyer son spleen et son mal-être aux quatre vents. Un voyage initiatique dont il était rentré regonflé avec le très roots Slim Turban enregistré une fois encore dans la capitale du reggae (Kingston).
Actif depuis (quatre albums, une mixtape, des collectifs) mais volontairement discret ("Pierpoljak" ou l'apothéose de l'anonymat), celui que l'état-civil connaît comme Pierre Vilmet, à 35 ans, poursuit sa thérapie avec Légendaire Sérénade : "Ce disque est né d'un mal-être, le travail que j'ai effectué afin de rendre ces chansons positives, c'est cela qui m'a permis de survivre, de revivre, ça et mes 5 enfants", confiait-il à ce propos.
Un apaisement qui se traduit également par une sourdine mise sur le reggae clinquant, au profit d'une tonalité plus acoustique qui est également le credo de la tournée entamée le 12 mars 2010 à Lyon - ci-dessus, deux moments de son passage à Genève à découvrir en vidéo, et plus encore sur son site officiel.
A l'occasion de la parution du clip réalisé pour Je me comprends tout seul, dans lequel Pierpoljak ne fait que quelques apparitions, on apprécie toujours autant la section de cuivres et l'esprit nomade de l'artiste, qui lui fait demander à Renan Luce de l'embarquer dans son tour-bus, à Gizmo de l'héberger dans son labo, à Tiken Jah Fakoly de lui trouver une villa, et à... Johnny Hallyday de lui acheter une ou deux chansons écrites dans son camion !
G.J.