Avec son précédent album, White Chalk, la formidable PJ Harvey avait surpris tout le monde, à commencer par elle-même, délaissant sa signature rock pour livrer une volée de ballades au piano servies par une voix haut placée. Multi-instrumentiste talentueuse et inspirée, elle avait trouvé dans l'exploration du clavier, un agrès inconnu, un mode de "libération de l'imaginaire". Résultat : "Quand j'écoute le disque, je me sens dans un autre univers (...) Il me trouble, il n'est pas de notre temps mais je ne saurais dire s'il se place 100 ans en arrière ou 100 ans dans le futur", avait-elle décrit.
Un peu plus de trois ans après, voici l'Anglaise de retour avec un huitième album studio chargé de nouvelles expérimentations à paraître le 14 février intitulé Let England Shake, dont la composition a débuté dès la sortie de son prédécesseur, dans une veine qui revient sur des chemins rock. Elaboré encore une fois avec John Parish, son âme soeur musicale depuis une vingtaine d'années, et finalisé au mois de mai 2010, PJ Harvey en avait dévoilé un premier extrait en avril dernier, présentant la chanson-titre sur la BBC.
Dénominateur commun de ce premier single et du nouvel exxtrait que vient de révéler la rockeuse de 41 ans, l'autoharpe s'invite à nouveau dans The Words That Maketh Murder, un morceau étonnant et extrêmement dense musicalement, sombre, aérien et nerveux, qui fait ressurgir comme une bombe le songwriting puissant de l'artiste : la chanson s'ouvre sur un tableau de folie belliqueuse meurtrière, toile de fond du motif des "mots qui commettent des meurtres" au lieu de ceux qui ont "le pouvoir de rassembler". La punchline finale est carrément sublime : "What if I take my problem to the United Nations ?" ("Et si j'en parlais aux Nations Unies ?").
PJ Harvey sera en concert à l'Olympia de Paris les 24 et 25 février 2011.
G.J.