Au mois de janvier dernier, une enquête interne a été ouverte à BFMTV en raison de soupçons visant leur présentateur historique Rachid M'Barki, à l'antenne depuis 2005. L'enquête vise des "infos diffusées dans ce journal de la nuit entre minuit et 4H30 du matin, qui seraient passées à l'antenne sans être validées par la chaîne habituelle, c'est-à-dire le rédacteur en chef", avait expliqué une source. Il faut désormais déterminer "si ce contenu était sous une influence quelconque" et si des images diffusées à l'antenne "venaient de l'extérieur". En attendant, le journaliste a été suspendu de la chaîne.
Ce mercredi 15 février, un communiqué officiel d'un consortium international de 100 journalistes informe que l'enquête est liée "à une vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne". Le collectif de journalistes a pu rencontrer un responsable de cette officine en Israël, désignée sous le nom de "Team Jorge". Ce dernier a alors démontré pouvoir créer automatiquement de faux comptes en ligne, générer automatiquement du contenu sur les réseaux sociaux ou pirater des emails ou des comptes Telegram, pour influencer des campagnes électorales notamment. Pour ce qui concerne Rachid M'Barki, les sujets qu'ils diffusaient traitaient d'informations concernant les oligarques russes, le Qatar, le Soudan, le Cameroun, ou encore le Sahara occidental et auraient été "fournis clés en main pour le compte de clients étrangers".
BFM est victime dans cette histoire
Le directeur général de la chaîne info, Marc-Olivier Fogiel, a tenu à réagir au micro de France Inter face à ces nouveaux éléments : "Il n'y a pas de doute que BFM est victime dans cette histoire, quand l'un des nôtres court-circuite la chaîne hiérarchique, ça pose problème". Selon lui, Rachid M'Barki "s'arrangeait pour demander (des) images en dernière minute" pour illustrer des brèves, "une fois que le rédacteur en chef était pris sur une autre tranche et avait validé l'ensemble de son journal". "Les demandes étaient espacées dans le temps et souvent faites à la dernière minute, dans le rush. Il veillait aussi à s'adresser à des petites mains, des alternants, des stagiaires pour faire rentrer ses images. Elles s'exécutaient sans poser de questions, d'autant qu'il était impressionnant", le rejoint un membre de la rédaction pour Le Parisien. Ce dernier ajoute : "Ses équipes à BFM ont l'impression d'avoir été trahies."
Interrogé en janvier par le site Politico, Rachid M'Barki avait reconnu avoir "utilisé des infos qui (lui) venaient d'informateurs" et qui n'ont "pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction". "Elles étaient toutes réelles et vérifiées (...) Je n'écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n'avais pas l'impression que c'était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l'aurais pas fait", poursuivait-il.
Au sein de BFMTV, l'affaire fait forcément beaucoup jaser et ils sont nombreux à y voir la fin de carrière pour Rachid M'Barki. "C'est terminé", estime une autre source auprès de nos confrères du Parisien. La direction de BFMTV, a de son côté indiqué se réserver le droit de porter plainte contre le journaliste à l'issue de l'enquête.