La musique de Jack Johnson, en toutes circonstances, est réconfortante comme le feu de camp qui danse sur la plage, le soir entre chien et loup, à l'heure où les derniers surfeurs regagnent, ruisselants, le sable tiède : on est en terra cognita, avec ces refrains paisibles qui retombent quasi immanquablement en mode majeur, ces patterns simples, doux et solaires, ces riffs pleins de quiétude comme un sifflotement de promeneur contemplatif, ces rythmes toujours menés en fonction de l'humeur de la guitare... "Et si seulement vous entendiez comment ça sonne là-haut, peste-t-il en se tapotant la tête... C'est incroyable..."
Avec To the sea, son cinquième album rassérénant paru en juin 2010, le surfeur-réalisateur-musicien hawaïen de 35 ans, près de 10 ans après son premier grand accomplissement (Brushfire Fairytales), poursuit sa navigation à vue sur un océan de plénitude dont il n'a pas jalousement conservé l'exclusivité : depuis 2001, ce sont en effet quelque 10 millions d'albums que le président-fondateur du label Brushfire Records (où sont signés ses complices ALO, Matt Costa, mais aussi, plus récemment, la douce Malaisienne Zee Avi) a vendus - et presque autant de téléchargements. De lui, le président d'Universal Music, groupe qui distribue ses productions, admire la constance : "Il n'a jamais rien fait qui puisse aller à l'encontre de qui il est, en tant qu'artiste et en tant que personne, s'extasie ainsi Monte Lipman. C'est le genre de personne qui, si je lui disais : "Hé, on n'a qu'à diffuser ta musique dans les fast foods Subway, me répondrait "Ben, si tu vas dans un Subway, c'est pour acheter un sandwich, pas un album de Jack Johnson".
De la même manière, l'intéressé ne s'est pas échiné à faire l'article pour son dernier album, plus intime et toujours universel, tout aussi signé, typique et chaleureux que ses prédécesseurs : on le sait, rien ne lui plait autant que d'emmener ses ballades, péchues ou caressantes, en tournée. Il sera d'ailleurs en concert en France, le 24 juin, à Paris-Bercy.
Derrière la légèreté, l'homme, marié à son amour de jeunesse (Kim) et père de trois enfants (c'est sa fille qui lui a inspiré la chanson My Little Girl sur To the sea) est pourtant concerné - on en veut pour preuves sa fondation Johnson Ohana Charitable Foundation ou encore son studio d'enregistrement alimenté par l'énergie solaire. Mais avec sérénité, et une philosophie de la flexibilité qui lui sied bien : "J'arrive à improviser, à m'adapter aux événements. Les choses ne vont pas forcément où je pense, mais, au final, je m'en accomode toujours".
L'ancien diplômé de cinéma, qui a offert aux fans, au début des années 2000, les merveilleuses September Sessions, mesure drastiquement ses apparitions à l'écran : pour le clip (à découvrir ci-dessus) de You and your heart, premier single extrait de son nouvel album, c'est lui qui était à la réalisation et sur la planche, avec un sacré défi à relever (étant face caméra, il ignorait à quel moment la vague arrivait). Autant dire qu'Eric Briones, journaliste à qui l'on doit le webzine culturel phare Le Cabinet des Curiosités sur Darkplanneur.tv, peut s'enorgueillir de l'avoir rencontré récemment à Londres, et d'avoir recueilli ses confidences...
Un entretien passionnant également à regarder ci-dessus.
G.J.