Robbie Rogers n'est probablement pas le meilleur joueur du monde de football, mais son nom restera à jamais dans l'histoire du ballon rond. Et de l'histoire des sports collectifs tout court. Il est devenu ce lundi le premier sportif ouvertement homosexuel à disputer une rencontre dans un sport collectif sur le territoire nord-américain.
Et pourtant. Lorsqu'il avait révélé son homosexualité, le jeune joueur de Leeds en Angleterre âgé de 26 ans et international à 18 reprises avait décidé de prendre immédiatement sa retraite, expliquant qu'il pensait ne plus pouvoir exercer sa passion après avoir confessé ses préférences sexuelles. "J'ai toujours cru que je pouvais cacher ce secret, avait-il notamment écrit sur son blog. Le football était mon échappatoire, mon objectif, mon identité. Le football a abrité mon secret et m'a donné plus de joie que je pouvais espérer. Mais il est temps de s'éloigner et me découvrir loin de ce sport (...) J'ai réalisé que je pourrai véritablement apprécier la vie qu'une fois que je serai honnête. Mon secret n'est plus, je suis un homme libre, je peux aller de l'avant et vivre ma vie comme mon créateur l'a voulu." Face aux préjugés dont le monde du football fait preuve, Robbie Rogers avait donc décidé de mettre un terme à sa carrière : "Être athlète professionnel et gay est incroyablement difficile. Si plus d'athlètes sortent du placard, ne cachent plus leur homosexualité, ça deviendra de plus en plus normal. Les stéréotypes tomberont."
Une retraite qui n'aura finalement duré que quelques mois. Le jeune homme est devenu la nouvelle recrue du Galaxy de Los Angeles en signant un contrat. Devant l'accueil médiatique positif et les nombreux encouragements qu'avait reçu Jason Collins, joueur NBA, après son coming-out, Robbie Rogers aurait été convaincu de tâter à nouveau du ballon.
Ce lundi 27 mai, il faisait donc sa première apparition sous le maillot des champions en titre. Le milieu de terrain a reçu à l'occasion une émouvante ovation des 25 000 spectateurs du stade de Carson City où LA recevait Seattle, alors que le score était de 4-0 pour les locaux. Un large sourire barrait son visage, et le plaisir n'était pas feint pour se retour somme toute logique. "Je n'avais aucune appréhension", confiera-t-il par la suite.