C'est une coïncidence calendaire lourde de sens qui a accompagné, samedi 11 septembre, la venue du fascinant Robert Redford et de la toujours parfaite Robin Wright au Festival cinématographique de Toronto.
Neuf ans jour pour jour après les attentats du 11 septembre qui pulvérisèrent le World Trade Center et l'âme de millions d'Américains, tandis que de pudiques commémorations avaient lieu, Robert Redford présentait The Conspirator. Trois ans après Lions et agneaux, film à entrées multiples dépeignant la lutte américaine contre le terrorisme, dont il fut réalisateur et acteur, et trente ans après ses débuts oscarisés de réalisateur avec Ordinary People, la star de 74 ans a défendu avec verve cette nouvelle oeuvre qui revisite une page sombre de l'histoire des Etats-Unis : l'assassinat, le 15 avril 1865 à Washington, du président Abraham Lincoln.
The Conspirator explore le procès méconnu de Mary Surratt, condamnée à mort par un tribunal militaire pour ses liens présumés avec John Wilkes Booth, l'auteur du meurtre. Robin Wright, officiellement divorcée de Sean Penn depuis peu, incarne celle qui fut possiblement pendue (la première femme exécutée par le gouvernement fédéral des Etats-Unis) pour maintenir la paix sociale, au mépris des faits ; James McAvoy campe un jeune idéaliste chargé de la défense de Mary, et qui, d'abord réticent, finit par croire à son innocence. Justin Long, Evan Rachel Wood ou encore Kevin Kline complètent la distribution.
"En ce moment précisément, nous vivons une situation de confusion, d'anxiété et de peur, tout comme il y a (presque) 150 ans", a constaté Robert Redford. Et d'expliquer : "Ce qui est exceptionnel dans le fait de raconter cette histoire aujourd'hui... ce sont des parallèles évidents avec ce qui se passe aujourd'hui et ce qui s'est passé hier. Mais ce n'est pas ce que nous voulions faire. Nous voulions raconter une histoire plus humaine, plus personnelle (...) Je pense que tant les critiques de cinéma que les spectateurs découvriront d'eux-mêmes des parallèles. L'Histoire les fournit. Nous n'avions pas à le faire. Je n'avais pas à chercher les aspects politiques, ils étaient là".