Roland-Garros a ceci de magique qu'il nous livre des duels épiques, des matchs homériques qui resteront à jamais gravés dans l'histoire du tournoi.
Et le duel entre le revenant Paul-Henri Mathieu et le cogneur John Isner, en se terminant au bout de 5h41 d'échanges sur la victoire du Tricolore (6-7, 6-4, 6-4, 3-6, 18-16) est de cela. Car lors de l'entrée des deux joueurs sur le court Philippe-Chatrier, on ne donnait pas cher de la peau du Français. Si la logique était respectée, la tête de série numéro 10 aurait logiquement dû s'imposer face au 261e, qui pointait encore au 733e il y a tout juste quelques mois...
Car Paul-Henri Mathieu est un petit miraculé. En 2011, il subit une opération reconstructive du tibia, une ostéotomie tibiale pour être précis. Des mois de galère, de rééducation et des experts qui ne peuvent lui garantir qu'il rejouera un jour au tennis. Un coup dur pour le Strasbourgeois qui flirta un temps avec le top 10 mondial... Mais 2012 devait être l'année de la renaissance. De wild cards en tournois satellites, le jeune papa refait surface, jusqu'aux internationaux de France et ce match épique face à John Isner.
Virginie Razzano avait fait vibrer les foules en sortant Serena Williams, Arnaud Clément, sous les yeux de sa belle Nolwenn Leroy, avait pour sa part fait des adieux déchirants après une victoire épique... Alors oui, l'émotion était une nouvelle fois au rendez-vous à Roland-Garros pour la victoire d'un Paul-Henri Mathieu au bord des larmes au bout d'un cinquième set conclu en 2h28 sur le score de 18-16. Car face au puissant serveur John Isner, PHM a joué avec son coeur, est allé puiser au fond de lui-même pour se surpasser et sortir le grand jeu devant un adversaire qui avait à lui tout seul dominé l'équipe de France lors du dernier quart de finale de Coupe Davis à Monte-Carlo.
Mais cette fois-ci, John Isner n'aura pas eu le dernier mot, comme il l'avait eu face à Nicolas Mahut à Wimbledon en 2010 lors du match le plus long de l'histoire du tennis. Au terme d'un match marathon se terminant dans la lumière crépusculaire de la porte d'Auteuil, Paul-Henri Mathieu se qualifiait avec brio sous les acclamations de la foule. L'incrédulité se lisait sur le visage du joueur, qui murmurait "c'est pas possible, c'est pas possible..."