Des nouvelles révélations sur Harvey Weinstein font grand bruit outre-Atlantique, et pour cause : elles proviennent d'une immense star hollywoodienne. L'actrice d'origine mexicaine Salma Hayek a dépeint mercredi 13 décembre sa relation avec Harvey Weinstein, qui l'a, elle l'affirme, harcelée, humiliée et menacée. Un récit que le producteur a ensuite cherché à démonter point par point.
"Harvey est mon monstre aussi", c'est le titre qu'a choisi l'épouse de François-Henri Pinault pour lancer ce texte publié dans le New York Times plus de deux mois après l'article du quotidien qui a fait tomber le producteur hollywoodien de son piédestal en or massif. L'actrice de 51 ans dresse d'abord le portrait sincère d'un "cinéphile passionné, un preneur de risques, un patron talentueux dans le domaine du cinéma, un père aimant". "Et un monstre", ajoute-t-elle. La star de Desperado affirme avoir été harcelée en 2002 par Harvey Weinstein, qui lui aurait notamment demandé, en diverses occasions, de prendre une douche avec lui, de coucher avec lui, de lui faire un massage ou de se mettre nue devant lui avec une autre femme.
Des demandes qu'elle a refusées, pendant le tournage du biopic sur Frida Kahlo, que la Miramax produisait. Salma Hayek étant prête à tout pour incarner cette peintre qu'elle aimait tant, le producteur a tenté d'en profiter. Mais la comédienne a tenu bon, quitte à prendre des risques inconsidérés. "L'éventail de ses tactiques de persuasion allait des mots doux jusqu'à cette fois où, en furie, il a dit ces mots terrifiants : 'Je vais te tuer, ne pense pas que je ne peux pas'", raconte-t-elle. Elle accepte, sous la contrainte, une séquence de nu avec une autre actrice, Ashley Judd, dans le cadre du tournage de Frida. "Il a exigé une nudité totale, se souvient Salma Hayek, traumatisée sur le moment. Pour la première et la dernière fois de ma carrière, j'ai fait une dépression nerveuse. Mon corps s'est mis à trembler, mon souffle était court et j'ai commencé à pleurer encore et encore."
De son côté, Harvey Weinstein a bien évidemment nié. "Toutes les allégations sexuelles décrites par Salma sont inexactes et des témoins de ces scènes ont un souvenir différent de qu'il s'est passé", a fait savoir dans la foulée une porte-parole du producteur dans un message transmis à l'AFP. Le clan du producteur déchu évoque des tensions tout ce qu'il y a de plus normales, entre Weinstein et son actrice. Salma Hayek – qui détenait les droits du projet – assure qu'a failli être virée parce qu'elle refusait les avances du producteur. Face à la justice, elle perd la mainmise sur la production mais conserve le premier rôle. Une version avec laquelle Weinstein ne s'accorde pas. "Même si Jennifer Lopez était intéressée par le rôle de Frida et même si elle était une plus grande star à l'époque, M. Weinstein est allé outre l'avis d'autres investisseurs et a soutenu Salma pour le premier rôle", a affirmé la porte-parole. Un soutien que l'actrice ne semblait pas avoir perçu comme tel. "Il m'a dit que la seule chose que j'avais pour moi, c'était mon sex-appeal et qu'il n'apparaissait pas dans le film", explique-t-elle dans le témoignage, affirmant que le magnat hollywoodien lui aurait notamment demandé de gommer certains aspects du personnage, ses épais sourcils ou sa claudication.
"Comme dans la plupart des projets collaboratifs, il y a eu des frictions créatives sur Frida, mais cela a permis d'amener le projet à la perfection", a répliqué la porte-parole d'Harvey Weinstein, assurant que son client, pour l'heure visé par trois autres enquêtes (sur une centaine d'accusations de harcèlement ou d'agression sexuelles) "ne se souvient pas d'avoir mis la pression sur Salma", notamment pour qu'elle tourne la scène lesbienne, "et n'était pas là au moment du tournage".