Avec #MeToo et la libération de la parole des femmes, de plus en plus de victimes de violence conjugale parlent publiquement. Ces victimes sont autant des anonymes que des célébrités et, parmi elles, Sandrine Bonnaire a choisi de revenir sur les difficiles années où elle a été battue par son ex-compagnon.
Dans Presse Océan, elle revient sur cette période glaçante de sa vie. Tout commence par une discussion avec Catherine Ceylac "qui préparait un livre d'entretiens sur l'amour, toutes les formes d'amour". "Au fil de nos échanges, j'ai fini par lui avouer que j'avais été battue, avec une extrême violence, par l'homme avec lequel je vivais alors", commence-t-elle. Mais les médias s'en mêlent, l'entraînant dans un tourbillon qu'elle n'a pas souhaité, mettant en lumière des aspects de sa vie qu'elle n'est peut-être pas prête à dévoiler : "Tous les médias ont repris cet aveu, au point de me gêner. Je ne souhaitais pas réveiller cette période de ma vie."
Arrive le 23 novembre 2019 et la marche contre les violences sexistes et sexuelles organisée par le collectif #NousToutes et qui regroupe des milliers de personnes (49 000 à Paris selon le cabinet Occurrence, 100 000 selon le collectif). De nombreuses personnalités y participent, Sandrine Bonnaire aussi. "J'ai fini par l'assumer officiellement. Ce n'est pas honteux d'être une victime."
Depuis, l'actrice a repensé à la médiatisation de son histoire. Elle espère que son parcours aidera d'autres femmes à libérer la parole et, enfin, à faire bouger les choses. "Parler de ce qui m'était arrivé vingt ans auparavant m'a fragilisée, car des émotions enfouies se sont réveillées. Pourtant, je suis contente de l'avoir fait. J'ai compris que mon engagement pouvait encourager d'autres femmes à parler puisque mon témoignage prouvait que les violences concernent n'importe laquelle d'entre nous. J'espère que mon histoire donnera aux femmes battues la force de dénoncer ce qui leur arrive et de saisir la justice."