Depuis le 17 juin et le second tour des élections législatives, Ségolène Royal se tient à bonne distance de La Rochelle et du Parti socialiste. Elle n'a pas assisté à l'université d'été du parti et a préféré faire une apparition à celle d'Europe Ecologie - Les Verts. Elle s'est ensuite envolée vers l'Afrique du Sud pour assister au 24e Congrès de l'Internationale socialiste où elle est élue, avec 74 votes (sur 81), vice-présidente de l'organisation. En marge de cette renaissance internationale, la présidente du Poitou-Charentes revient sur l'affaire, la défaite, le tweet et prévient : "Je ne vais pas entrer au couvent."
Double peine
Assister à l'université d'été du Parti socialiste, Ségolène Royal "ne le sentait pas". Il est encore trop tôt pour revenir sur la "scène du crime", selon ses déclarations faites en Afrique du Sud et publiées ce lundi 3 septembre par Le Figaro. "J'aurais été pourchassée par les médias. Tout le monde m'aurait guettée, scrutée.... J'ai besoin de temps. C'est lent, la réparation." Au-delà de la défaite politique, des "erreurs stratégiques" qu'elle reconnaît, il y a la blessure intime aggravée par ce tweet ("vengeur" pour certains) de Valérie Trierweiler soutenant l'adversaire Olivier Falorni. Les mots qu'emploie Ségolène Royal sont lourds de sens : "La Rochelle, c'est une injustice. Un crash. Un accident de parcours. Je ne mérite pas ça. La politique, c'est beaucoup d'engagement, de sacrifices... subir une humiliation comme cela, sous plusieurs angles [la défaite politique doublée du tweet selon Le Figaro], c'est violent. J'absorbe aussi la violence que cela représente pour mes enfants. Pour eux, je dois être forte, continuer à être joyeuse. Mais ça reste un double choc."
Avec François...
En cette rentrée politique, plusieurs journalistes se sont penchés sur la personnalité de Valérie Trierweiler. De nombreux livres s'interrogent sur ses rapports avec François Hollande et décrivent ce bras de fer permanent sur fond de vengeance personnelle. À plusieurs milliers de kilomètres de l'Élysée, Ségolène Royal regrette ce qu'elle considère comme une dérive - "Comme disait Mitterrand, je fais vendre du papier. C'est irrationnel !" - et s'inquiète de ce qu'elle détourne l'attention du message politique du président : "Tout cela, ce n'est pas bon pour François. Il essaye de gérer au mieux. La dignité politique est atteinte. Pas le profond respect et l'amitié que nous avons l'un pour l'autre."
La présidente du Poitou-Charentes se reconstruit et réfléchit à son futur. Après trente ans de vie politique, il lui est "impensable" d'arrêter. "Je ne vais pas entrer au couvent !" ironise Ségolène Royal. Je suis libre, disponible... Il se passe toujours des choses en politique." Elle ne veut cependant pas d'un point de chute : "C'est dégradant... Je n'ai pas besoin d'un lot de consolation. On a parlé de tout cela avec François, il a le souci de rassembler les compétences. Si je peux être utile, j'assumerai les responsabilités que l'on me proposera..." Entrer au gouvernement, pourquoi pas ? Mais selon l'intéressée, Valérie Trierweiler ferait rempart : "Elle interdit à François de me nommer ministre, c'est ça, la vérité", aurait confié Royal à la journaliste du Point, Anna Cabana.
"Les confidences africaines de Ségolène Royal", dans "Le Figaro", lundi 3 septembre 2012.
"Entre deux feux", d'Anna Cabana et Anne Rosencher, Grasset, 17 euros, sortie le 29 août.