

Dans le monde du tennis, il y a les joueurs ouverts, tolérants et pleins d'humour, à l'image de Novak Djokovic par exemple, et il y a Sergiy Stakhovsky. L'Ukrainien, 60e mondial, n'est sans doute pas le plus connu de l'ATP, mais ses prises de parole radicales concernant l'homosexualité l'ont propulsé sur le devant de la scène médiatique...
La moitié des joueuses sont lesbiennes. C'est pourquoi je ne mettrai jamais ma fille au tennis.
Alors que la légende du rugby gallois Gareth Thomas sort un ouvrage autobiographique dans lequel il se confie sur sa vie de rugbyman homosexuel, Sergiy Stakhovsky s'en donne à coeur joie. Membre du conseil des joueurs, il semble avoir profité de l'été et d'une certaine apathie des instances de l'ATP et des différentes institutions de la petite balle jaune pour se lâcher.
En juillet, dans le cadre très prestigieux de Wimbledon, l'Ukrainien avait cru utile de rappeler pourquoi il ne souhaitait pas que sa fille joue sur le circuit féminin de la WTA. Trop de lesbiennes. Près de la moitié des joueuses selon lui. "Sur le circuit WTA, vous pouvez être sûre qu'au moins la moitié des joueuses sont lesbiennes. C'est pourquoi je ne mettrai jamais ma fille au tennis", avait-il lâché, avant d'expliquer que l'ambiance chez les hommes était "normale", puisque le Top 100 ne comptait aucun joueur gay parmi eux.
Si quelqu'un est différent, ça se voit tout de suite non ?
Sa sortie n'avait suscité que peu de réactions, si ce n'est celle de Martina Navratilova, légende du tennis féminin et militante LGBT qui l'avait invité à discuter. Sergiy Stakhovsky a récidivé à l'US Open, où Jo-Wilfried Tsonga l'a éliminé en 16e de finale. En toute décontraction, l'homme a expliqué à USA Today que s'il y avait des joueurs gays, les autres joueurs l'auraient su car, voyez-vous, "dans un vestiaire où la moitié des gars marchent nus sous leur serviette, ça se verrait". "Parmi 100 mecs, ou plutôt 128 mecs, si quelqu'un est différent, ça se voit tout de suite non ?", ajoutait-il, poursuivant : "Mais bon, ça ne veut pas dire qu'on traiterait mal un joueur homosexuel, mais ça ne sert à rien d'en parler maintenant parce que, s'il y en avait, on l'aurait remarqué."
Une nouvelle déclaration qui n'a pas manqué de provoquer des réactions... discrètes de l'ATP. Qui a décidé de renforcer ses sanctions pour les mauvais comportements extra-sportifs. Eric Butorac, le président du conseil des joueurs, est lui plus lucide sur la situation, revenant sur la réunion qui avait suivi les propos du joueur tenus en juillet : "On sait qu'on a véhiculé une image très mauvaise, et il faut agir (...) Mais après de nombreuses délibérations, le consensus a été de le garder, même s'il y avait des personnes qui souhaitaient vraiment qu'il s'en aille."
En gros, oui, Stakhovsky mérite d'être sanctionné, mais non, il ne sera pas exclu de l'ATP. "Ce qu'il a dit est complètement déplacé et nul, mais il n'est pas la voix du circuit. Il ne représente pas la mentalité des joueurs", ajoute Stan Wawrinka, lui aussi membre du conseil des joueurs. Quant à son bourreau de l'US Open, Jo-Wilfried Tsonga, il botte en touche. "Cela ne m'intéresse pas", a-t-il fait savoir, selon des propos rapportés par Le Parisien.
Sergiy Stakhovsky, lui, se défend d'être homophobe. Il déclarait en juillet : "Ce n'est pas comme si nous allions maltraiter quelqu'un dans le vestiaire, ça n'a pas d'importance pour moi si cette personne est homosexuelle ou non. Nous vivons dans un monde où tout le monde a le droit d'être celui qu'il veut. Personne ne peut rien me dire, c'est ma vie, je peux en faire ce que je veux."