Stromae, artiste inclassable et mystérieux, a fait un retour flamboyant avec son album Multitude. Il est actuellement en tournée pour interpréter sur scène ses puissantes chansons. À 38 ans, l'artiste belge d'origine rwandaise par son père a trouvé la sérénité, lui qui travaille entouré notamment de son petit frère Luc Junior Tam, son directeur artistique et de son épouse et styliste, Coralie Barbier. Cette dernière est devenue son épouse et la mère de leur fils de 4 ans dont il préserve scrupuleusement l'identité. Etre père a d'ailleurs bouleversé la vie de celui qui chante Papaoutai et qui a perdu le sien de façon tragique.
En 2015, Stromae fait un burn out l'obligeant à être rapatrié d'urgence à l'hôpital de Gand depuis Kigali, terre de sa famille paternelle où il espérait terminer son Racine Carrée Tour. Sa réaction à un traitement antipaludique a été mise en avant mais l'émotion de l'artiste au Rwanda a également été évoquée, car elle est liée à une terrible douleur : la mort de son père lors du génocide qui a déchiré le pays en 1994. Revenir sur les lieux, lui qui n'était plus revenu à Kigali depuis l'âge de 5 ans, est forcément bouleversant. Sur scène, il avait rendu hommage à son père et, en toute intimité, il s'était aussi rendu au mémorial du génocide qui a fait plus de 800 000 victimes lors de son court séjour au pays des mille collines. Un déplacement dont il ne dira pas grand-chose, par pudeur.
Je n'ai pas pleuré.
La mort d'un père qu'il a découverte au mois d'avril 1994. L'Express était revenu en 2018 sur ce drame et comment Stromae l'a appris. Sur le moment, alors qu'il n'a que 9 ans, personne ne l'informe que son père Pierre Rutare est mort au Rwanda, massacré "comme 800 000 autres Tutsi" après avoir été "emmené par les hommes de la garde présidentielle". Finalement, il finira par poser lui-même la question... trois ans plus tard. "'Il est mort ?' 'Oui !' (...) Je l'avais un peu deviné. Alors, je n'ai pas pleuré. Peut-être que je m'étais préparé, barricadé. Il n'empêche : ce papa qu'on n'a pas vu petit, on ne pourra pas, plus tard, rattraper le temps perdu avec lui. C'est cela, le deuil", confiait celui qui n'a pas grandi avec son père, séparé de sa mère quand il était petit.
Une absence avec laquelle Paul van Haver de son vrai nom a appris à composer et dont il peut parler avec son épouse Coralie. Si chacun a son vécu elle aussi est orpheline de père depuis l'âge de 7 ans, comme elle l'avait confié à Libération.