C'est un coup dur pour les féministes et toutes les militantes des droits des femmes qui perdent l'une de leurs icônes. D'après l'AFP, la cofondatrice des Femen, l'Ukrainienne Oksana Chatchko, est morte lundi 23 juillet 2018 dans son appartement à Paris. Elle était âgée de 31 ans.
C'est l'activiste Inna Shevchenko, leader de l'organisation, qui a confirmé la triste nouvelle. "Oksana a été retrouvée hier à Paris dans son appartement. Elle s'est suicidée", a-t-elle précisé par téléphone à l'AFP. Dans la matinée, Anna Goutsol, autre cofondatrice du mouvement, a également confirmé son décès sur sa page Facebook, restant toutefois prudente sur les causes de sa mort : "La plus courageuse. (...) Oksana Chatchko nous a quittés. Avec ses proches et sa famille, nous sommes en deuil et nous attendons la version officielle de la police. Pour le moment, ce que nous savons, c'est que (...) le corps d'Oksana a été retrouvé dans son appartement à Paris. Selon ses amis, elle a laissé une lettre de suicide."
Si je suis prête à donner ma vie pour mes idées ? Mais je l'ai déjà donnée !
Avec d'autres militantes, Oksana Chatchko avait fondé le mouvement féministe qui s'est fait connaître pour ses actions seins nus en avril 2008 à Kiev, en Ukraine. Exilée en France depuis 2013, la jeune femme avait quitté l'organisation et continuait son travail d'artiste peintre.
En 2014, elle s'était confiée au magazine Philosophie pour évoquer son combat pour les femmes et sa peur des représailles. "Nous luttions dès 2008 contre ce système, et pour le droit, avec nos moyens, au nom de la liberté personnelle mais aussi au nom de l'humanité, pour défendre le droit des femmes et leur place dans la société. Ce ne sont pas de grands mots : je dois pouvoir montrer l'exemple si je crois en ce que je fais. Nous avons ainsi protesté contre Poutine, contre le dictateur biélorusse Loukachenko. J'ai été arrêtée, couverte de plumes et teinte en verte, battue, torturée. J'ai cru que la fin était proche. Je suis psychologiquement prête à être défigurée ou tuée, même s'il m'arrive, comme tous, d'éprouver la peur dans la vie quotidienne. Les semaines de préparation qui précèdent nos actions suscitent parfois de l'appréhension. Mais celle-ci laisse place, dans l'action résolue, à un sentiment très particulier qui ne repose ni sur la peur, ni sur la honte, ni même sur le courage. On éprouve un sentiment de grande force soutenu par la pensée que nos actions sont justes. Si je suis prête à donner ma vie pour mes idées ? Mais je l'ai déjà donnée ! Je l'ai donnée, mue par une conviction : le véritable art, c'est la révolution."