Teddy Riner est sans doute ce qui se fait de mieux actuellement en judo. Un colosse qui truste les podiums mondiaux et démonte tous les adversaires qui se présentent à lui. Si bien que son club de Levallois lui offre un salaire à la hauteur de sa réputation et de son niveau. Mais la Chambre régionale des comptes semble s'interroger sur une telle générosité.
Gros salaire et primes généreuses
Dans un rapport de l'institution sur le Levallois Sporting Club (LSC) que se sont procuré Le Parisien et France Bleu 107.1 et qui devrait être présenté le 22 juin prochain au conseil municipal de Levallois-Perret, le salaire de Teddy Riner est pointé du doigt. "Une charge significative", écrit la Chambre régionale des comptes, en expliquant le coût du "recrutement d'un judoka professionnel de tout premier rang mondial".
Champion olympique, septuple champion du monde, quadruple champion du monde et six fois vainqueur de l'incontournable Tournoi de Paris, Teddy Riner se pose comme LA star du judo, et même un peu plus. Et "M. Y", comme le judoka est appelé dans le rapport, a touché 429 293 euros en 2013, soit plus du double de 2010. Aujourd'hui, ce sont 24 000 euros mensuels qui lui sont versés. Aucune irrégularité n'est cependant pointée du doigt, note Le Parisien. L'explosion du salaire de Teddy Riner depuis son arrivée au LSC tient essentiellement "à l'existence de clauses contractuelles favorables pour ce sportif de très haut niveau, avec une part variable de sa rémunération en fonction de ses performances sportives".
En 2014, sa victoire aux championnats d'Europe lui a permis de décrocher une prime de 46 000 euros. Et son salaire augmentera de 15% s'il décroche l'or olympique en 2016 à Rio. En outre, s'ajoutent 2780 euros mensuels d'avantages en nature - 1900 euros de loyer, 550 euros pour la location d'une voiture et 330 euros consacrés à l'essence - que le champion préfère toucher.
"Présent sur les feuilles de paie"
En échange, Teddy Riner s'engage à s'entraîner et à participer aux compétitions du LSC, à représenter le club et à en faire la promotion, tout en citant "le club ou la ville de Levallois quand il fait référence à son club dans les médias". Mais pour Jean Michel Hautefort, ancien président du LSC et encore administrateur du club il y a peu cité par France Bleu 107.1, Teddy Riner est surtout "présent sur les feuilles de paie" et se contente de quelques apparitions pour le club, lui qui s'entraîne à l'Insep à Vincennes comme tous les membres du club France.
De plus, la Chambre régionale souligne que le club multisports est essentiellement financé par la ville, comme en 2014 où elle a versé plus de 6,1 millions d'euros au LSC, qui, toujours selon le rapport, connaît des problèmes réguliers de trésorerie.
Contacté par L'Équipe, le président du LSC, Bertrand Percie du Sert, ne comprend pas l'emballement autour de cette histoire : "Le club ne déplore plus de problèmes de trésorerie depuis trois ans. Teddy cite son club dès qu'il donne une interview. La promotion du LSC constitue la teneur essentielle de son contrat. Il s'entraîne à Levallois une fois par semaine et rencontre les jeunes licenciés. Sorti de son contexte, le salaire peut paraître démesuré. Mais qui a-t-on en face ? Un ambassadeur du pays, médaillé olympique, sept fois champion du monde et invaincu depuis 2010. La CRC ne semble pas très au courant des salaires qui se pratiquent au haut niveau."