Le climat extrêmement tendu au Moyen-Orient commence à porter préjudice aux médias en général et aux médias français en particulier. L'Egypte est actuellement le théâtre de scènes de violences gratuites sur des journalistes de toutes chaînes et journaux confondus et la situation devient alarmante. A un point tel que RSF (Reporters Sans Frontières) pointe là des "lynchages" de la part des partisans du président Moubarak. Il s'agit pour l'association "d'une chasse aux journalistes sans précédent".
D'après l'AFP - et les rédactions victimes d'un allègement inquiétant de leurs effectifs -, tous les médias sont concernés ; et les États-Unis se sont déjà élevés contre ce lynchage. Le MAE (ministère des Affaires Etrangères) a demandé à faire cesser "ces agissements inacceptables".
Les rédactions des chaînes de télévision (qui font leur reportage avec une caméra donc), n'attendent que ça, car le nombre de journalistes molestés dans le cadre de leur travail, depuis le début de la semaine, ne cesse de croître. Et la situation se généralise au point de ne plus rester tristement anecdotique.
Des exemples criants
Au Figaro, un journaliste a été arrêté toute une matinée puis transféré à la Sûreté d'Etat. La rédaction du journal s'est chargée d'alerter le Quai d'orsay et l'ambassade de France au Caire (plus d'infos). Il est accompagné d'un photographe franco-libanais.
A la Voix du Nord, un journaliste a été enlevé mercredi 2 février 2011 et son téléphone ne répond plus (plus d'infos).
Chez BFM TV, chaîne informative, trois journalistes ont été roués de coups (bâtons, poings et pieds) pendant un quart d'heure alors qu'ils tournaient dans un supermarché. Ils ont ensuite été détenus pendant neuf heures dans une caserne du Caire. Leur matériel a également été confisqué (plus d'infos).
Même situation complexe chez TF1 où Catherine Nayl (directrice de l'information de la chaîne) s'inquiète de ne pas pouvoir contacter ses trois reporters, dont les téléphones portables sont manifestement coupés. "A un moment, on a pu les joindre et ils nous ont dit qu'ils avaient été arrêtés et emmenés par des gens qui ne sont pas en uniforme, des civils armés jusqu'aux dents, vers un endroit qu'ils n'arrivent pas trop à décrire [...] Ils n'ont a priori pas subi de violences. [...] Les conditions de travail pour les journalistes deviennent de plus en plus compliquées car au milieu du chaos, plus personne ne sait qui est qui." (plus d'infos )
Du côté de I-télé, aucune violence physique n'a été rapportée, mais des menaces et des insultes ont été répertoriées (plus d'infos).
Chez France 24, trois journalistes ont été interpellés et ont été retenus par la police militaire. L'un d'eux aurait été tabassé à coups de barre de fer. (plus d'infos)
D'après Europe 1, Les journalistes de France 2 ou encore de M6 auraient également été molestés. Quant à Arte, un journaliste ne donne pas signe de vie après avoir été arrêté ce jeudi après-midi par l'armée égyptienne.
Les journalistes ? Des témoins gênants !
Une situation inquiétante qui amène les directeurs de chaînes à se manifester. Pour Thierry Thuilier, directeur des rédactions de France Télévisions : "La télévision publique égyptienne a désigné les journalistes étrangers comme responsables de ce qui se passe, c'est une sorte d'appel au lynchage non déguisé. Ils sont des témoins gênants, on assiste à un tabassage systématique des journalistes étrangers."
Les journalistes ne peuvent plus faire leur travail correctement et c'est pour mettre en lumière cette situation de crise que le journal de TF1 y consacre une partie dans son journal du 20 heures.
Après les enlèvements de Taponier et Ghesquière, force est de constater, pour ceux qui en doutaient, que journaliste sur le terrain est un métier dangereux...
Et nous, les journalistes "privilégiés", le cul dans nos fauteuils à vous donner des nouvelles de la planète people, on pense très fort à eux !