La période est difficile à vivre. Chaque année, la France porte le deuil juste après avoir réveillonné. Le 7 janvier 2015, la rédaction de Charlie Hebdo était massacrée par une attaque perpétrée par les frères Kouachi. Douze personnes sont mortes, dont huit collaborateurs du journal satyrique. Si l'hebdomadaire n'a jamais cessé de paraître – et ce dès le mercredi suivant, avec le numéro 1178 –, ni les citoyens ni les amis et les proches n'oublient. De sa peine, l'épouse du caricaturiste Tignous, Chloé Verlhac, a tiré du travail, des ouvrages. Si tu meurs, je te tue, son nouveau récit autobiographique en trente-sept chapitres, est paru chez Plon le 2 janvier 2020, à quelques poignées d'heures de la date anniversaire.
Depuis le drame, sa vie a complètement changé. Chloé Verlhac a abandonné le théâtre pour se consacrer à la carrière posthume de sa moitié. "L'attachée de presse de Tignous", se décrit-elle elle-même dans les colonnes du magazine Elle. Quand elle a perdu son mari, elle n'avait que 36 ans. Ensemble, le dessinateur avait eu deux enfants, Sarah-Lou et Solal, dont il fallait s'occuper. "Ce n'est pas parce que papa est mort qu'on peut bouffer des M&M's au petit déjeuner, n'importe quoi !", leur a-t-elle lancé dès le 8 janvier 2015. Mais depuis, la famille va mieux. Pour s'aider à tenir le coup, un "petit autel de bric et de broc" a été érigé au fil des ans dans l'entrée de la maison, composé de "poèmes de ses enfants, de fétiches rapportés du bout du monde, de photos de sourires."
Il fallait rester digne, ne pas avoir peur, continuer à vivre
Pour assurer l'héritage culturel de Tignous, son épouse a décidé d'y consacrer sa vie. Elle a créé sa structure, Petites Teignes, pour les représenter, elle et ses enfants. En tout, depuis l'attentat qui a pris pour cible la rédaction de Charlie Hebdo, elle a fait publier onze recueils et livres des oeuvres du dessinateur. Elle organise des expositions et des conférences sur son travail partout en France : "Je savais que je pouvais le faire vivre, puisqu'on avait ses dessins. Pour lui d'abord, et aussi pour nous, dans la mesure où, pour leur résister, il fallait rester digne, ne pas avoir peur, continuer à vivre." Cinq ans après le drame, elle se dit prête à être heureuse, ou néanmoins l'espère. C'est tout ce qu'on lui souhaite...
Retrouvez l'interview intégrale de Chloé Verlhac dans le magazine Elle, numéro 3864 du 10 janvier 2020.