

Sept jours après l'effroyable attentat qui a coûté la vie à 12 personnes au sein de la rédaction de Charlie Hebdo, Chloé Verlhac, l'épouse de Tignous, l'un des célèbres dessinateurs tués par les djihadistes, a rendu un vibrant hommage à son mari. Invitée de la matinale de RTL aujourd'hui, elle a salué "l'homme qu'il était" et confié sa fierté de voir le journal satirique rester debout.
"Avant Tignous, c'est mon mari qui est mort"
Comme Maryse Wolinski ou Jeannette Bougrab, Chloé Verlhac a donc perdu un être cher en ce terrible 7 janvier 2015. Epouse de Tignous, de son vrai nom Bernard Verlhac, elle a également trouvé la force de s'exprimer dans les médias. "Avant que ce soit Tignous qui soit mort, c'est mon mari qui est mort, le père de mes enfants, l'amour de ma vie", confie-t-elle au micro, très émue, sept jours un cauchemar qu'elle n'aurait jamais pu imaginer. "J'ai déjà eu peur pour lui mais j'aurais jamais pensé qu'il serait assassiné. Qu'il soit mort pour ça, les gens nous disent que ce n'est pas possible", ajoute l'épouse du dessinateur qui vivait à Montreuil, en banlieue parisienne.
Mais comme toute la bande de Charlie Hebdo, Chloé Verlhac refuse de se laisser abattre et reste optimiste, espérant que ses "enfants et les enfants de Tignous" n'auront plus à "vivre ça". "Ca me rend heureuse et forte pour l'avenir et pour eux. Alors maintenant, il ne faut pas que ça retombe", explique-t-elle en référence à la mobilisation historique dimanche dernier, qui a réuni près de 4 millions de Français dans les rues, contre le terrorisme.
Des rescapés "merveilleux"
Ce mercredi était également un jour particulier pour Chloé Verlhac puisque c'était la sortie du premier numéro de Charlie Hebdo depuis l'attentat. Un numéro exceptionnellement tiré à 3 puis 5 millions d'exemplaires et qui met surtout Mahomet en Une en guise de réponse aux terroristes. "Ça a été une surprise pour moi de voir la couverture. Je les trouve merveilleux. Je pense que Tignous serait hyper fier d'eux. C'est un très très beau pied de nez. Que Charlie sorte à 3 millions d'exemplaires c'est la plus belle revanche qu'on pouvait prendre", assure-t-elle à propos du journal des "rescapés" signé notamment par Patrick Pelloux ou encore Luz, auteur du dessin en Une.
Admirative, Chloé Verlhac est également revenue sur la personnalité de Tignous (57 ans), dont les dessins faisaient également rire les lecteurs de Marianne et le Canard enchaîné. "C'est son regard sur le monde qui était incroyable. C'était quelqu'un de très humble. Je suis contente qu'on rende aussi hommage à l'homme qu'il était. C'est l'homme qu'il était qui faisait le dessinateur", estime celle qui a toujours eu un oeil avisé sur son travail. "Ça lui arrivait assez souvent de me demander mon avis et on était presque toujours d'accord. Parfois, je trouvais qu'il poussait le bouchon un petit peu loin. Je n'avais pas son aplomb pour oser. Mais il le faisait avec tellement de bienveillance que les gens ne le prenaient jamais mal parce que c'était Tignous. Il disait : 'Moi j'aime tout ce qui est bon'", ajoute-t-elle.
Tignous inhumé demain
Tué le 7 janvier, avec d'autres fameux dessinateurs comme Cabu, Charb ou Wolinski, Tignous sera inhumé demain, jeudi 15 janvier, au cimetière du Père-Lachaise, comme l'a annoncé la mairie de Montreuil (Seine-Saint-Denis) où il habitait. Une cérémonie aura lieu à la mairie avant l'inhumation, à 11h30, en présence de la ministre de la Justice Christiane Taubira et de ses proches.