Séparés par une vingtaine d'années, Total Recall (1990) de Paul Verhoeven et Total Recall - Mémoires programmées (2012) de Len Wiseman montrent à quel point les codes hollywoodiens se déforment pour mieux se ressembler.
Précédé d'un mauvais buzz depuis que le réalisateur des deux premiers volets de la série Underworld et Die Hard 4 : Retour en enfer est aux commandes, le remake de Total Recall révèle sa véritable identité dans une première bande-annonce explosive, ébouriffante et visuellement impressionnante.
Dans ce blockbuster à 200 millions de dollars, Colin Farrell remplace Arnold Schwarzenegger dans la peau de Douglas Quaid, un ouvrier d'une métropole futuriste de 2084 qui se laisse tenter par les services de Rekall, une société qui propose d'implanter les souvenirs factices d'une expérience définie par le client. En quête d'aventure, Quaid décide d'être un espion en mission et découvre pendant l'opération qu'il est un vrai agent secret, endormi par un autre implant. Poursuivi par sa femme, qui était engagée pour le surveiller, et aidé par une rebelle, il part à la recherche de sa véritable identité.Kate Beckinsale remplace Sharon Stone dans le rôle de la peste, Jessica Biel, Rachel Ticotin dans celui de la précieuse alliée.
En 1990, Total Recall était arrivé entre les mains de Schwarzenegger après une période de développement chaotique, marquée par le départ de David Cronenberg. Avec les pleins pouvoirs, la star avait personnellement demandé à Paul Verhoeven de réaliser le film pour 50 millions de dollars - soit 90 millions avec l'inflation. C'était l'un des derniers films à employer les maquettes et autres effets mécaniques, à l'aube de l'arrivée des effets spéciaux, célébrés dans Terminator 2 quelques mois plus tard.
Vingt-deux ans après, Total Recall - Mémoires programmées coûte deux fois plus cher et se place directement dans la veine des blockbusters contemporains, où chaque décor cache un écran vert et quelques câbles effacés en postproduction. Cité futuriste tentaculaire, écrans translucides, voitures volantes et mouvements de caméra incroyables ponctuent ainsi ce remake attendu et redouté. En ligne de mire : les 470 millions de dollars - inflation comprise - récoltés par l'original.
Après Blade Runner (1982), Minority Report (2002), Paycheck (2003), A Scanner Darkly (2006) et L'Agence (2011), cette nouvelle adaptation de la nouvelle We Can Remember It for You Wholesale prouve en outre l'importance de Philip K. Dick dans la science-fiction américaine.
Total Recall - le doute plane encore sur l'importance du sous-titre Mémoire programmées - sort le 15 août.
Geoffrey Crété