Vanessa Paradis débute ce 13 mai 2019 une nouvelle tournée par un concert à Courbevoie. L'artiste de 46 ans porte sur scène les chansons de son dernier album, Les Sources, dont plusieurs ont été écrites par son époux Samuel Benchetrit. Dans une grande interview accordée au Monde, elle revient sur son étonnant parcours, marqué par le succès précoce de Joe le taxi en 1987, alors qu'elle n'a pas 15 ans.
Pendant quelques années, Vanessa Paradis a souffert d'un malentendu. On la prenait pour un produit, un produit matraqué sur les ondes et à la télévision. Si Joe le taxi s'est écoulé à 3 millions d'exemplaires, la jeune adolescente paye le prix de cette notoriété au lycée, où ses camarades ne sont pas tendres, mais aussi lors du Midem, Marché international de l'édition musicale, en janvier 1988, à Cannes. Devant un public de professionnels, Vanessa Paradis est sifflée pendant sa prestation – et quel courage faut-il pour siffler une jeune fille sur scène... "Horrible. J'étais en direct, j'essayais de chanter, sous les huées, les gens me jetaient des bouchons de bouteilles, des trucs qui faisaient mal. Je n'entendais pas la musique. Mais j'entendais les insultes. Ensuite, j'étais censée revenir pour une deuxième chanson." En coulisses, sa mère est là pour la rassurer, mais aussi Guesch Patti : "Dans ma loge, où j'étais en larmes, ma mère m'a cajolée, et Guesch Patti, qui était aussi en tête des ventes avec Étienne, a été merveilleuse. Elle m'a consolée : 'Tu vas y aller pour leur montrer que tu n'en as rien à faire, tu ne vas pas leur faire ce plaisir !' Alors j'y suis retournée. Ça forge le caractère."
Alors j'y suis retournée. Ça forge le caractère
Pour les parents de Vanessa Paradis, qui l'accompagnent partout dans cette aventure, le coup est dur à encaisser : "C'était atroce pour eux de voir tout le pays taper sur leur enfant. J'étais une crotte. Une minicrotte. Comme mère [de Lily-Rose et Jack Depp, NDLR], aujourd'hui, je ne supporterais pas... Ils m'ont rassurée, enveloppée d'amour, épargné leurs conversations inquiètes. Et ils n'ont pas cessé de me dire que je n'étais pas obligée de continuer. Avec leur calme, leur philosophie tellement merveilleuse, ils m'ont demandé si cela valait le coup." Du haut de ses 15 ans, Vanessa Paradis prend une décision qui marquera le reste de sa vie : "J'ai décidé que oui. J'aimais trop ça. Je me suis focalisée sur la musique, le travail artisanal sur les chansons, le plaisir de l'interprétation. Mon premier album est sorti pour mes 15 ans et demi."
Pour se protéger, Vanessa Paradis arrête le lycée en première. En 1989, un film va tout changer : c'est Noce blanche, de Jean-Claude Brisseau, décédé le 11 mai. C'est le premier film de la jeune femme. Le tournage était compliqué, d'autant qu'elle avait été imposée par les producteurs, alors que Brisseau voulait Charlotte Valandrey dans le rôle de cette jeune femme amoureuse de son professeur (Bruno Cremer) de vingt-cinq ans son aîné. Le film remporte un grand succès et les regards portés sur Vanessa Paradis changent enfin. Elle décroche alors le César du meilleur espoir féminin, en 1990. Dans la foulée, elle publie un deuxième album, Variation sur le même thème, dont l'intégralité des textes a été écrite par Serge Gainsbourg.
Avec déjà trente-deux ans de carrière, Vanessa Paradis est consciente de sa chance : "Une vie en accéléré, je ne sais pas, en tout cas riche d'expériences. Elle a commencé par un succès, une carrière internationale, alors que je n'avais pas tant d'ambition. J'ai été extrêmement privilégiée. Évidemment, cela marque une personnalité. Cela m'a beaucoup détendue. Je ne fais les choses ni pour la notoriété ni pour le commerce, mais pour la beauté de l'art et parce qu'elles me plaisent. C'est un luxe !"
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