Ce samedi 10 novembre, les Sables-d'Olonne verront prendre le large les vingt concurrents du Vendée Globe, course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, qui se dispute tous les quatre ans.
La belle et la bête
Cette année, les spectateurs auront un oeil attentif pour une participante, la seule et unique femme à prendre le départ de cette légendaire course au large considérée comme la plus dure au monde. La Britannique Samantha Davies, c'est son nom, jolie blonde aux yeux bleus de 38 ans prendra en effet la mer avec son monocoque Savéol, dont la marraine Laury Thilleman, un mastodonte des mers aux dimensions impressionnantes : plus de 10 tonnes 18,28 mètres de long, 5,5 mètres de large et un mât qui pointe à 27,5 mètres ! Mais celle qui en parle le mieux, c'est bien Sam Davies elle-même, qui avait terminé quatrième lors de la précédente édition, impressionnant le petit monde de la mer pour sa première participation : "C'est un bateau de mec, puisque c'était celui de 'Bilou' [Roland Jourdain, NDLR]. Je me suis posé la question de savoir si je pourrais le mener. Même si c'est un engin physique, il est safe dans les grosses conditions. (...) On l'a un peu adapté, notamment avec un système de palan pour le matossage [qui permet d'équilibrer le bateau, NDLR]. Les palans m'évitent d'avoir à tirer et de me casser le dos, car on trimballe 800 kilos de matériel, de nourriture, les voiles, d'avant en arrière, de gauche à droite..."
Une jeune maman loin de son fils
Samedi, Samantha Davies s'élancera donc pour environ trois mois de navigation, loin de tout, et surtout de son fils Ruben, qu'elle a eu avec son compagnon Romain Attanasio, lui aussi navigateur. La mer, la jeune femme a ça dans le sang. Son grand-père maternel construisait des bateaux quand son grand-père paternel était sous-marinier dans la Royal Navy pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a passé son enfance sur le bateau de ses parents, à naviguer au large des côtés françaises et du Finistère où elle a aujourd'hui élu domicile. C'est dire si le petit Ruben, qui a vu le jour le 4 septembre 2011, grandit dans le monde de la voile. "J'ai navigué en Figaro (monocoque de 10 mètres environ) jusqu'à six mois de grossesse, confie Sam Davies. Avoir fait du sport m'a permis de mieux gérer mon accouchement. En plus, quand ton bébé ne s'endort que quand tu marches... J'ai donc marché environ deux heures par jour. J'ai pris 9 kilos pendant ma grossesse, que j'ai perdus, et j'en ai perdu encore quatre. J'ai allaité Ruben pendant cinq mois."
Alors comment la jeune maman va-t-elle gérer l'éloignement ? "Si Ruben va me manquer ? Je vous le dirai après. C'est la seule partie que je ne connais pas. Parfois, je culpabilise de le laisser pendant trois mois", répond celle dont le modèle est Jack Sparrow, le célèbre héros de la saga Pirates des Caraïbes.
Une femme à la mer
Sur mer, Samantha Davies pourra toujours compter sur la protection de Saint-Christophe, dont elle porte la médaille autour du cou. Une médaille donnée par son grand-père que lui-même a portée durant la guerre : "J'ai lu ses mémoires : il a fait des choses bien plus fortes, plus courageuses, plus dangereuses que ce que nous on va faire." Mais la mer ne lui fait pas peur, elle qui s'était fait connaître en dansant au milieu de l'océan, sous la pluie et le vent lors du dernier Vendée Globe sur une musique de Cyndi Lauper au titre approprié, Girls Just Wanna Have Fun.
"Le fait d'être la seule femme dans la course fait que je reçois encore plus de soutien du public, ajoute Sam Davies. Ça fait chaud au coeur. (...) Je suis triste pour celles, comme Dee Caffari [6e en 2009, NDLR] ou Jeanne Grégoire, qui auraient voulu être au départ. J'ai vu Dee ce matin, j'ai failli pleurer car on ne pourra pas échanger par mail ou par téléphone. Ça va me manquer. Surtout que les blagues avec les hommes ne sont pas les mêmes !" Avec pour objectif de terminer, et si possible de faire mieux que sa quatrième place, car comme elle le confie : "Ma pire crainte, c'est d'abandonner."