Sous les yeux de Stéphane Bern, qui animait la cérémonie, le pianiste Alexandre Kantorow a été récompensé en tant que meilleur "soliste instrumental" jeudi soir aux Victoires de la Musique classique (une soirée retransmise en direct depuis l'opéra Berlioz Corum de Montpellier). Ce musicien était entré dans l'histoire en devenant, en 2019, à l'âge de 22 ans, le premier lauréat français du Grand prix de piano au Concours Tchaïkovski à Moscou, l'un des plus prestigieux au monde.
Fils unique du chef d'orchestre Jean-Jacques Kantorow et de la violoniste anglaise Kathryn Dean, il joue à la fois en musique de chambre et dans d'illustres institutions telles que le Berliner Philharmoniker, au Carnegie Hall ou avec l'Orchestre de Paris, sous la direction de grands chefs d'orchestre tels que Sir John Eliot Gardiner, Jaap van Zweden ou Klaus Mäkelä. En 2020, il avait déjà été doublement sacré aux Victoires de la musique classique, dans deux catégories: soliste instrumental et enregistrement.
De son côté, le ténor franco-suisse Benjamin Bernheim, 38 ans, a remporté le titre d'artiste lyrique, une récompense qu'il avait déjà obtenue en 2020, ex-aequo avec Karine Deshayes. Star sur le tard, il a, plusieurs fois, voulu jeter l'éponge. "Je me suis longtemps battu contre ma voix, racontait-il à l'AFP il y a quatre ans. Elle se fatiguait beaucoup, très vite."
Pour autant, les critiques louent son timbre "étincelant" et des aigus d'une "puissance qui cloue l'auditeur au fauteuil". Certains le comparent au grand ténor Roberto Alagna, son modèle, en raison notamment de l'excellente diction du français. L'artiste est invité régulier des plus grandes maisons d'opéra européennes, où il interprète les rôles du répertoire romantique. Il vient d'incarner le rôle titre dans les Contes d'Hoffmann à l'Opéra national de Paris.
Cette cérémonie, accompagnée par l'Orchestre national Montpellier Occitanie dirigé par l'Italien Michele Spotti, avait été ouverte par la pianiste ukrainienne Anna Fedorova, signe que la guerre en Ukraine reste dans tous les esprits deux ans après le début de l'invasion russe. Un hommage a aussi été rendu aux musiciens et chefs d'orchestre qui ont "oeuvré pour la paix", tels Yehudi Menuhin, Mstislav Rostropovitch, Pablo Casals ou Daniel Barenboim, a souligné Stéphane Bern, rejoint sur scène à un moment donné de la soirée par l'acteur Raphael Personnaz.
Côté révélations, Marie Jacquot a remporté le trophée chef(fe) d'orchestre. Et la mezzo-soprano Juliette Mey a été récompensée artiste lyrique. La compositrice Florentine Mulsant a quant à elle gagné la Victoire compositeur pour Le Chant du soleil, sonate pour piano à 4 mains. Enfin, le trophée enregistrement est revenu à titre posthume au pianiste Nicholas Angelich, né en 1970, pour le coffret de 7 CD Hommage publié par Erato deux ans après sa mort, en 2022.