Elle n'aura tenu que quatre petites années. Après son président Bernard Pivot, Virginie Despentes quitte l'académie Goncourt. Le 6 janvier, l'autrice de Vernon Subutex a annoncé par voie épistolaire son départ du jury du prix littéraire.
En 2016, Virginie Despentes avait succédé à Régis Debray (2011-2015). Elle avait fait la joie de ses confrères et consoeurs, heureux de compter un "profil atypique" parmi eux. Sur le site de l'académie, elle est décrite comme "une figure de la communauté lesbienne et promeut un nouveau féminisme. Elle est considérée comme une écrivaine essentielle de son époque, ses livres reflétant de façon dérangeante par ses sujets et son style direct, le monde actuel." Hélas, l'écrivaine avait sous-estimé l'aspect chronophage de cette nouvelle tâche et souhaite désormais retrouver du temps pour travailler.
Dans une lettre adressée à l'académie Goncourt, elle s'explique : "J'ai aujourd'hui un problème simple : je manque de temps pour écrire. J'avais, en acceptant de rejoindre l'académie, à la fois surestimé mes capacités de travail et sous-estimé l'engagement que le jury requiert..." Virginie Despentes explique également qu'elle retourne s'installer à Barcelone et préfère y travailler tranquillement sans devoir faire de va-et-vient incessants à Paris.
"J'envie déjà celle ou celui qui me remplacera car je connais désormais le plaisir de découvrir le fonctionnement de cette académie et la bienveillance mutuelle qui y règne. Longue vie au Goncourt", a conclu l'écrivaine, qui déclare avoir "plusieurs projets d'écriture qui ont pris du retard". Les membres de l'académie lui ont répondu sans garder de rancune et se disent "très attachés à sa personnalité chaleureuse, à sa vision ouverte de la littérature". Et d'ajouter "Nous regrettons profondément son départ mais, écrivains avant d'être lecteurs, nous comprenons sa démarche et la respectons", tout en rappelant qu'elle sera toujours la bienvenue.
Elle laisse donc une place vacante autour de la table du prix Goncourt, ce qui porte au nombre de deux les jurés à remplacer. Il faudra ensuite que ces dix personnes élisent un nouveau président. Cette annonce arrive en pleine effervescence littéraire, alors même que le milieu s'entre-déchire au sujet du livre de Vanessa Springora, Le Consentement, et de l'affaire Matzneff.