Vendredi 6 décembre, le 12:45, le JT de M6, est allé à la rencontre de Guy Joao. Celui qu'on a pris à tort pour Xavier Dupont de Ligonnès, fortement suspecté d'être à l'origine du meurtre de son épouse et de ses quatre enfants, s'exprime pour la première fois dans les médias depuis la débâcle médiatico-policière du 11 octobre dernier.
Mais pas question pour Guy Joao de prendre part à ce tapage ; il a accepté d'être filmé de dos au terme de "longues tractations" avec la chaîne de télévision. "Nous avons vécu une histoire de fou ou plutôt nous vivons une histoire de fou. Nous ne pouvons pas faire le deuil de cette affaire", confie-t-il aux journalistes de M6. Aujourd'hui, l'homme de 69 ans demande réparation : "J'ai envoyé un courrier le 1er novembre à la ministre de la Justice pour être remboursé [sa porte a été enfoncée durant la perquisition à son domicile, NDLR] mais je n'ai pas reçu de réponse. On nous manque de respect dans cette histoire !"
C'est par la voix de François Vignolle, le responsable police-justice à M6, que Guy Joao entend trouver du soutien. Par une série de tweets, on découvre ainsi le message de remerciement de la victime à ses soutiens : "Nous remercions nos proches en Écosse et en France pour le soutien que nous avons reçu. Tous ces amis et ces voisins qui nous ont laissé des petits mots très gentils. Merci."
Pour rappel, le vendredi 11 octobre 2019, aux alentours de 20h30, Le Parisien annonçait l'arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès à l'aéroport de Glasgow. L'information, rapidement confirmée par quatre sources à l'Agence France Presse, met immédiatement le feu aux médias et encore plus aux réseaux sociaux. Alors que la police écossaise révèle que les empreintes digitales de l'homme interpellé à Glasgow "correspondent", les enquêteurs appellent déjà à la prudence. Mais la police met en place une perquisition et les chaînes d'info sont déjà sur place, à Limay dans les Yvelines. Moins de trois heures après le scoop du Parisien, la police écossaise indique dans un communiqué transmis à l'AFP qu'"un homme a été arrêté à l'aéroport de Glasgow et demeure en garde à vue à la suite d'un mandat d'arrêt européen émis par les autorités françaises". "L'enquête se poursuit pour confirmer son identité", précise le texte. L'homme que l'on croit être Xavier Dupont de Ligonnès voyageait avec un passeport volé - ce qui s'est avéré faux - en 2014. Intercepté à l'aéroport de Glasgow, il est placé en garde à vue.
Le doute s'installe pourtant. Du côté du procureur de Nantes, Pierre Sennès d'une part, mais aussi du côté des enquêteurs. Ces derniers "vont donc faire des vérifications en Ecosse auprès de la personne" arrêtée à Glasgow "pour s'assurer que c'est bien M. Dupont de Ligonnès". À l'AFP aussi, le doute plane et après avoir effectué une enquête de voisinage tôt le samedi matin et avoir questionné les gens vivants à proximité du pavillon, la culpabilité du septuagénaire Guy Joao, marié à une Écossaise, est de plus en plus mise à mal. Car le fait est qu'il y a une "une suspicion sur les empreintes" selon le procureur. Peu avant 13h, et sur la base de tests ADN, l'AFP déclare que l'homme arrêté à Glasgow n'est pas Dupont de Ligonnès.
Xavier Dupont de Ligonnès est soupçonné d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Nantes en avril 2011. Leurs corps ont été retrouvés sous une chape de béton coulée sous la terrasse. C'est l'une des plus grandes énigmes criminelles de ces dernières décennies en France. Personne n'a vu Xavier Dupont de Ligonnès depuis huit ans.