Le corps sans vie de l'écrivain Yann Andréa, de son vrai nom Yann Lemée, dernier compagnon de Marguerite Duras qui vécut avec elle jusqu'à sa mort, a été retrouvé hier jeudi 10 juillet dans son appartement situé dans le 6e arrondissement de la capitale. C'est une source policière qui a annoncé la triste nouvelle à l'AFP, ne précisant cependant pas les raisons de son décès mais soulignant que ces dernières n'étaient, a priori, pas suspectes.
Auteur de son état, Yann Andréa était âgé de 63 ans et il était surtout connu pour avoir partagé la vie de Marguerite Duras pendant pas moins d'une quinzaine d'années jusqu'au décès de celle-ci, survenu en 1996. Né en 1952 et malgré leur grande différence d'âge (trente-huit ans), l'écrivain entretiendra en effet une idylle passionnelle avec celle qui fut l'une des plus grands femmes de lettres française. Une relation couchée sur le papier dans le livre Cet amour-là, dans lequel il avait raconté ses relations plus que tourmentées avec Marguerite Duras.
Étudiant en philosophie à Caen, Yann Andréa disait qu'il était tombé amoureux du célèbre écrivain en lisant Les Petits Chevaux de Tarquinia, une véritable révélation pour lui. À partir ce moment, il décidera de ne lire exclusivement que les ouvrages de Duras et lui adressera des lettres d'admiration pendant pas moins de cinq ans. Son obsession le mènera même carrément à frapper à la porte du domicile de Trouville de la dramaturge. À l'époque il avait 28 ans, elle, 66, mais ils ne se quitteront plus.
"C'était totalement passionnant mais épuisant. Ça ne s'arrêtait jamais", avait-il confié en 1999 dans Bouillon de culture, l'émission de Bernard Pivot. Secrétaire mais aussi parfois souffre-douleur de Marguerite Duras, Yann Andréa (le nom qu'elle lui avait donné) était également son exécuteur littéraire et c'est à ce titre que l'homme s'était opposé en 1999 à la décision de Jean Mascolo, le fils unique de l'auteur de L'Amant, de publier un ouvrage intitulé Duras : La Cuisine de Marguerite, rassemblant des recettes et des transcriptions d'entretiens. "La mère de Jean Mascolo était un génie, mais pas lui, avait-il fait savoir. Elle aurait fait un vrai livre, pas cette chose sinistre."
En 2005, les choses s'étaient corsées entre les deux hommes, Jean Mascolo avait poursuivi Yann Andréa devant la justice, l'accusant notamment d'avoir adressé au notaire de la famille deux écrits signés par Marguerite Dumas modifiant son testament et qui auraient été des faux. Le dernier amant de l'auteure avait cependant été relaxé.