Zlatan Ibrahimovic a quitté le PSG en triomphateur, mais il n'est pas vraiment parti. En attendant l'Euro, qu'il s'apprête à disputer avec sa sélection nationale (entrée en lice le 13 juin au Stade de France face à l'Irlande), ses buts kung fu du championnat de France de Ligue 1 ont cédé la place à ses punchlines musclées. Alors que le lancement à Paris de sa marque de vêtements de sport, A-Z, ainsi que la sortie en DVD d'un documentaire retraçant son ascension constituaient son actualité majeure lundi 7 juin, ce sont surtout ses réponses ("Je suis la Suède", "Je suis l'homme du peuple", "Je peux rendre Hollande populaire si je le veux") aux questions des journalistes Stéphane Mandard et Rémi Dupré pour le quotidien Le Monde qui ont fait des remous...
Puisqu'il était question de business et qu'ils avaient en face d'eux un garçon qui n'envoie pas dire ses réponses, nos deux confrères n'ont pas hésité à l'interroger, avec la France en crise pour toile de fond, sur son salaire de 20 millions d'euros en 2015. "Seulement ?", s'étonne-t-il d'abord faussement, avant de préciser : "Les six premiers mois..." Et de raisonner, avec son intransigeance coutumière, en termes de marché : "Pour moi, on achète des joueurs sur le marché qui ne devraient même pas s'y trouver (...) Si un autre joueur gagne tant, et que moi je suis dix fois meilleur que lui, combien ça fait ? Dix fois plus."
J'aide beaucoup ce pays
L'échange se durcit encore un peu plus lorsque le sujet des impôts est convoqué par ses interlocuteurs. "Savez-vous combien d'impôts je paye ?, ironise Zlatan Ibrahimovic. Quel genre de président est François Hollande ? J'aide ce pays plus qu'il ne l'aide." Les journalistes lui font alors remarquer que "la taxe à 75 % n'est plus à l'ordre du jour", alors il développe : "En êtes-vous sûr ? Car moi, je continue à la payer. Je peux vous le dire car je déclare moi-même mes impôts. Je paie mes taxes. J'aide beaucoup ce pays." D'ailleurs, plus loin, on lui demande de parler de la France, et voici le résultat : "Ibra est venu et il a pris le pouvoir en France." Point, à la ligne.
Et puisqu'il a lui-même évoqué le président de la République, les émissaires du Monde lui demandent à lui, qui est si populaire, pourquoi François Hollande est si impopulaire : "L'important est d'être soi-même et moi je suis moi-même. Mais je ne peux pas parler pour lui puisque je ne le connais pas. Mais je peux le rendre populaire si je veux. Mais je ne sais pas si j'en ai envie", rétorque Zlatan, tout en soulignant qu'il ne peut "pas parler de politique car [il] ne conna[ît] rien à la politique". Que le locataire de l'Elysée se rassure : il n'est pas le seul à en prendre pour son grade, puisque le boss de l'OL Jean-Michel Aulas, très critique sur l'impact des investisseurs qataris dans le championnat de France, se fait recadrer par le géant suédois : "Si j'étais lui, je me concentrerais sur mon équipe, et sur le fait de gagner, et pas sur ce que font les autres équipes. Depuis que je suis arrivé en France, il n'a rien gagné et moi j'ai tout gagné. Il devrait se concentrer sur lui-même."
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a toutefois réagi aux propos d'Ibra mercredi en déclinant son offre : "Le président de la République comptera sur le travail engagé, les résultats à obtenir, la réussite (...), la capacité à faire face et sur l'action que nous conduisons et pas sur les propositions de service d'un joueur de football", a-t-il déclaré.