Face au danger de l'islam radical, les réponses de l'Etat. C'est le titre du reportage de Zone interdite diffusé dimanche 23 janvier 2022 sur M6 et qui a fait grand bruit. Ophélie Meunier, l'animatrice du programme, a été menacée et placée sous protection policière. Lilia Bouziane, étudiante en droit et musulmane voilée qui apparaît sur ses images, avait ainsi déclaré avoir été trompée puisqu'on lui a présenté un tout autre thème d'émission, à savoir la laïcité chez les jeunes. Une enquête d'Arrêt sur images met en lumière les techniques d'approches pas toujours loyales de Michaëlle Gagnet, réalisatrice de ce numéro.
Les caméras de la chaîne ont suivi Lilia Bouziane durant 48h. Finalement, la jeune femme apparaît six minutes à l'antenne. Des passages choisis, comme ceux où la réalisatrice lui pose des "questions très orientées". "Elle me disait : 'En Angleterre, le communautarisme c'est une richesse, c'est beau... Tu n'es pas d'accord avec moi ?'", se souvient l'étudiante lyonnaise. Puis, face à Lilia Bouziane et d'autres amies, Michaëlle Gagnet interroge sur le cas de Mila, jeune fille menacée de mort après des propos choc sur l'islam. "Vous pensez quoi de Mila ? Vous condamnez les menaces contre elle ? Vous êtes pour la liberté d'expression ?", leur a-t-elle demandé. "Encore heureux que je condamne le fait de menacer quelqu'un ! s'énerve Lilia Bouziane, qui compte porter plainte. J'avais l'impression qu'elles essayaient de me faire dire des choses que je ne pensais absolument pas."
Avant le tournage de ce numéro de Zone interdite, d'autres figures musulmanes françaises ont été approchées comme Fateh Kimouche, fondateur du site Al-Kanz, Brahim Z. du blog sur l'actualité des mosquées Des Dômes et des minarets ou encore Vincent Souleymane, un converti influent. "Salam Aleykoum" (mal orthographié), "en France, on se fait clairement un délire sur l'islam, le salafisme et les personnes rigoristes", "donner la parole aux musulmans de France sur le vivre-ensemble, la laïcité, la place de la religion mais aussi les discriminations"... Les formules de politesse et autres phrases rassurantes sont les mêmes dans ces mails qu'Arrêt sur images dévoile. Mais les trois hommes ont flairé l'arnaque et préféré décliner l'invitation. "On nous a présenté un sujet factice", regrette Fateh Kimouche.
De son côté, elle s'est expliquée sur CNews le 1er février 2022. La réalisatrice "assume parfaitement" son reportage et se dit "persuadée que l'enquête est implacable et qu'elle était nécessaire".
Ce n'est pas la première fois que les méthodes de Michaëlle Gagnet interpellent. En 2015, toujours pour Zone interdite, elle avait réalisé le reporter sur "les nouveaux ghettos". Là déjà, certains protagonistes s'estimaient bernés. Auprès de Rue89, un fixeur avait indiqué qu'elle avait "menti sur ses intentions".