La chute est la plus grande hantise de tous les cyclistes et pourtant plus d'une centaine d'entre eux ont dû y faire face lors de la mythique course Liège-Bastogne-Liège. La classique belge est toujours très disputée et les coureurs essayent de se positionner au mieux dans le peloton, ce qui peut entraîner des frictions et causer des chutes, comme cela est arrivé dimanche dernier. Parmi les coureurs les plus gravement touchés, on retrouve Julian Alaphilippe, le sportif de 29 ans, chouchou du public français.
Pris dans la chute collective, le compagnon de Marion Rousse s'est retrouvé projeté en contrebas de la route, contre un arbre. Une chute d'une rare violence qui a entraîné plusieurs gros pépins physiques avec notamment deux côtes cassées, une fracture de l'omoplate et du pneumothorax. Présent au moment de l'accident et premier à secourir Julian Alaphilippe, Romain Bardet s'est confié dans L'Équipe sur ces instants marquants. "Je vois Julian, je vois qu'il est vraiment mal. Il arrive à peine à respirer, il est incapable de parler, incapable de bouger. Et là, j'ai un flash qui me donne l'impression d'être le seul à voir qu'il est là, qu'il souffre et que la course continue sans y prêter attention", se remémore-t-il.
C'est une immense détresse. J'avais l'impression qu'il allait rester là, tout seul, pour toujours
Une scène de chaos de quelques minutes pendant lesquelles Romain Bardet se sent seul et délaissé tandis que Julian Alaphilippe agonise à ses côtés. "Les motos repartent, les voitures aussi et je suis là, dans le fossé, je hurle seul dans le vide et personne ne m'entend. C'est une immense détresse. J'avais l'impression qu'il allait rester là, tout seul, pour toujours", se souvient le mari d'Amandine.
Hors de danger, Julian Alaphilippe a frôlé le pire à en croire Romain Bardet. Les deux hommes s'apprécient et ont pu communiquer après l'accident. "Il m'a écrit dans la nuit de dimanche à lundi, à deux heures du matin. Quand il a récupéré son téléphone, c'est la première chose qu'il a faite. On se connaît depuis un moment. J'espère qu'il va vite se remettre", ajoute Romain Bardet, avant de conclure : "Quand j'ai abandonné la course après lui avoir porté secours, je ne voulais qu'une chose : savoir comment il allait. J'ai eu peur qu'il ait une vertèbre touchée, une paraplégie. J'ai vraiment craint le pire".
Retrouvez l'interview de Romain Bardet en intégralité sur le site de L'Équipe.