Interrogé sur le plateau du journal de 20h sur TF1 ce dimanche 2 juillet 2023, Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) visé par une attaque à la voiture-bélier chez lui alors que sa famille était présente dans sa maison, a pu partagé avec les téléspectateurs son effroi, sa tristesse, sa colère mais également un appel. En effet, après avoir donné des nouvelles de sa femme qui a été blessée et hospitalisée, ainsi que de leurs enfants de 5 et 7 ans, l'édile de 39 ans a souhaité que cette douleur puisse servir à quelque chose de constructif.
C'est dans un contexte tendu et violent depuis la mort de Nahel, 17 ans, victime d'un tir policier en raison d'un refus d'obtempérer, que s'est produite cette attaque. Elle a eu lieu vers 1h30 du matin dimanche : un véhicule chargé de produits incendiaires a pénétré dans l'enceinte du pavillon du maire de L'Haÿ-les-Roses, incendiant le portail et un véhicule de la famille. Si le politique était dans sa mairie, son épouse Mélanie Nowak se trouvait à leur domicile et s'est fracturé une jambe en fuyant avec ses deux enfants. C'est à ce moment-là que celle qui est aussi conseillère départementale et adjointe au maire déléguée à la vie associative s'est fracturé le tibia et a été hospitalisée pour être opérée.
Ils voulaient brûler la maison
"Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison", explique-t-il. Mais, quand "ils ont compris qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, loin d'arrêter au contraire ils ont déclenché une salve de tirs de mortiers d'artifice qui était complètement folle", a ajouté sur TF1 Vincent Jeanbrun. "Jamais je n'aurais imaginé qu'on menace ma famille de mort", s'est-il indigné, appelant à "un sursaut républicain". "Ma femme en pleurs à l'hôpital me disait, 'c'est tellement injuste ce qui nous est arrivé. Le seul moyen que ce soit moins injuste, moins douloureux, c'est que ça fasse sens, que ça soit utile, qu'il y ait un sursaut. Si notre malheur sert à améliorer la situation, alors ça sera un peu moins douloureux'", explique sur la première chaîne l'homme visiblement très affecté.
Vous pouvez retrouver l'intégralité de l'intervention de Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses ci-dessous.
"Nous ne laisserons rien passer, nous serons aux côtés des maires", a promis la Première ministre Elisabeth Borne en venant apporter son soutien au maire (LR) dans sa ville. Le procureur de la République de Créteil, Stéphane Hardouin, a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "tentative d'assassinat".
Une agression qui a a provoqué dimanche une indignation unanime en France, alors que la grand-mère du jeune Nahel, dont la mort a suscité cinq nuits consécutives d'émeutes, a appelé au calme. Le choc causé par l'agression visant l'élu (LR) de cette commune d'ordinaire tranquille de 30 000 habitants de la banlieue sud de Paris a fait passer au second plan la décrue des violences constatées dans la nuit de samedi à dimanche dans de nombreuses villes de France et qui semblait se confirmer dimanche en début de soirée. A 23h30, les forces de l'ordre avaient procédé à 49 interpellations sur tout le territoire national, selon le ministère de l'Intérieur.
Emmanuel Macron, qui a réuni plusieurs membres du gouvernement pour un "point de situation" à l'Elysée en soirée, doit recevoir les présidents des deux chambres lundi, avant les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences mardi. Il a aussi demandé à sa Première ministre de rencontrer les présidents des groupes parlementaires lundi. Le président de la République souhaite en outre "débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", selon l'Elysée. Dans un contexte de recrudescence des attaques visant les élus, le président de l'Association des maires de France David Lisnard (LR) a invité la population à se rassembler lundi à midi devant toutes les mairies. Selon lui, "150 mairies ou bâtiments municipaux (ont été) attaqués depuis mardi, une première dans l'histoire du pays".