Le monde du septième art n'a jamais été aussi secoué. Judith Godrèche a pris la parole le soir de la cérémonie des César, le 23 février dernier, pour dénoncer le silence qui pèse sur le milieu du cinéma. Aujourd'hui, des hommes s'allient au mouvement lancée par les femmes avec le hashtag #MeTooGarçons - et la création de l'adresse mail metooacteur@gmail.com par le directeur de casting Stéphane Gaillard. Depuis quelques jours, des témoignages de comédiens victimes de violences sexuelles pleuvent... et l'acteur Francis Renaud a même déposé une plainte.
Connu pour ses nombreux rôles dans les productions d'Olivier Marchal mais aussi pour ses performances dans des séries françaises, telles que Léo Mattéi, Julie Lescaut, Les Cordier juge et flic ou encore Un village français, Francis Renaud a annoncé qu'il s'adressait à la justice sur les réseaux sociaux. Il a ainsi partagé la photographie d'une plainte visant le réalisateur André Téchiné et le directeur de casting Gérard Moulevrier pour "harcèlement sexuel, pression grave afin d'obtenir un acte de nature sexuelle, menace de mort réitérée et agression sexuelle." Des faits qui auraient pris place de 1988 à 2004.
Sa plainte survient le lendemain du témoignage d'Aurélien Wiik, qui révèle avoir été abusé de ses 11 à ses 15 ans par son agent et d'autres membres de son entourage. Contacté par le journal Le Parisien, Francis Renaud n'a pas souhaité en dire davantage. Il avait, après tout, expliqué la situation dans son livre La Rage au coeur, publié en 2018. Il racontait alors qu'un "super directeur de casting" lui avait dit : "Le droit de cuissage, ça existe. Pour réussir, il faut coucher". Il lui aurait alors passé la main entre les cuisses pour lui "attraper le sexe doucement à travers" son pantalon. Après son refus, l'acteur aurait été "blacklisté".
Quant à André Téchiné, il lui aurait, un jour, pris la main pour lui dire : "Tu me perturbes beaucoup, Francis, tu devrais aller plus loin !". Ce à quoi le réalisateur a répondu, via un communiqué transmis au journal Le Parisien par son avocate Me Julia Minkowski : "Je suis évidemment désolé qu'il ait été embarrassé par mon approche verbale sentimentale, maladroite, lors de ce déjeuner, écrit-il. J'ai bien sûr eu tort, à l'époque, de ne pas avoir su percevoir que notre relation n'était pas à ses yeux sur un pied d'égalité en raison de mon statut de réalisateur. En revanche, je ne peux qu'exprimer mon incompréhension aujourd'hui face à ce dépôt de plainte pénale."
André Téchiné et Gérard Moulevrier restent présumés innocents des faits qui leur sont reprochés jusqu'à la clôture de ces différents dossiers.