Si l'actrice Judith Godrèche a jeté un pavé dans la mare, il y a quelques semaines, en dénonçant les abus présumés des réalisateurs Benoit Jacquot et Jacques Doillon, contre qui elle a porté plainte pour viols, c'est au tour de son collègue Aurélien Wiik de parler : à 43 ans, l'acteur, notamment connu pour son rôle dans la série Munch, a expliqué qu'il avait été plusieurs fois abusé pendant son enfance.
Acteur dès son plus jeune âge, le jeune homme a notamment été victime de son agent, comme il l'a confié sur Instagram. "J'avais 11 ans. De mes 11 ans à mes 15 ans. J'ai été abusé par mon agent et d'autres gens de son entourage. J'ai porté plainte à 16 ans car il le faisait à d'autres. Je l'ai envoyé en prison", a-t-il révélé, avant de dénoncer le fait que d'autres étaient au courant sans avoir rien dit.
"Il s'appelait Maurice Ripaux mais tout le monde le connaissait sous le nom de Christian Nohel. Il organisait des dîner avec des 'prods', des 'réals', etc... Certains me demandent ce qu'il est devenu, je réponds que je l'ai envoyé en prison. Ils disent 'Ah p*****, je m'en doutais, il n'était pas clair. Trop tard les gars", a-t-il lancé, très amer. Un homme condamné, notamment grâce au témoignage d'autres victimes. "On était plusieurs gamins au procès. Il a pris 5 ans. C'est possible. S'il y a d'autres victimes de lui, parlez. Il est mort, mais ça peut faire du bien".
Mais son agent n'a pas été le seul bourreau de l'acteur, qui a également tourné dans Engrenages ou encore récemment dans Capitaine Marleau. "Je me pensais libéré puis il y a eu les réalisateurs et les producteurs. Agressions, harcèlement et tentatives de viol. Chantage contre des rôles que je n'ai pas eus du coup. Dîners piégés et organisés par des vieux avec plusieurs mineurs. Je me suis défendu des mains baladeuses. On a essayé de m'enfermer dans des toilettes", a-t-il continué dans d'autres stories.
"J'ai du me défendre verbalement, physiquement. Leur dire que j'avais envoyé quelqu'un en prison les calmait. D'autres insistaient. On porte en soit des traces de victimes qui attirent les prédateurs. Jusqu'à 25 ans, on m'a proposé des rôles, de la drogue en échange de faveurs", a même dénoncé l'acteur qui a perdu son frère il y a 10 ans, avant de rappeler qu'une femme, aussi, a été responsable d'un viol durant sa jeunesse : "On a tenté de me droguer souvent. Une femme m'a drogué un soir. Je me suis réveillé elle était sur moi. Ma seule MST, c'est un viol. Tremblez, votre tour viendra. Vous savez qui vous êtes. Les garçons du cinéma se réveillent", a-t-il conclu avant de lancer le hashtag #MeToogarçons.
Un hashtag qui résonne avec celui qui a lancé une énorme vague de libération de la parole dans le cinéma. Et qui lui tient très à coeur, notamment pour que les plus jeunes ne soient plus victimes comme lui. "Et pour tous les autres garçons victimes, la honte est restée collée trop longtemps. Le procès et la reconnaissance du statut de victime est importante. Ça aide à se reconstruire. La douleur est plus dure que la honte. Parlez à vos amis et à votre famille", a-t-il écrit.
"Depuis des années, je parle à des parents et à des enfants qui ont peur de porter plainte. J'explique aux parents que l'enfant n'est pas foutu parce qu'il est victime. On peut guérir, renaître et avoir la vie qu'on veut. A condition de parler, de partager, de porter plainte, que la douleur change de camp. La virilité est un vieux concept. Avoir été abusé ne fait pas de nous moins des hommes. Ne pas parler nous laisse victime avec le mot d'angoisses et le mal-être qui va avec. Prenons soin des enfants de notre pays. Ne pensez pas que ça n'arrive qu'aux enfants des voisins. Parlez leur avant un stage, des vacances, une colonie, etc. Demandez leur au retour s'ils n'ont pas eu de problèmes. Prêtres, moniteurs, professeurs, tontons, voisins. Pas de parano s'il y a un dialogue", a-t-il finalement conseillé.
Avant de mettre un peu de bonheur dans tout cela. Très discret sur sa vie privée, lui qui s'est rarement affiché en couple devant les photographes, le quadragénaire a évoqué ses relations et son espoir pour le futur : "Avant mes 18 ans, j'ai eu des relations consenties avec des femmes adultes. Pendant et après le procès. Consenties. Là est la différence. Désirées, voulues, consenties. Le consentement. [...] Il faut préciser que j'adore mon métier et les gens qui en font partie. 95% m'ont aidé, guidé, cultivé, protégé, encouragé, aidé, aimé, aidé à m'aimer. C'est un beau métier, peuplé de gens extraordinaires avec quelques brebis galeuses vicelardes. Comme partout. Merci à ces 95%. Ne stigmatisons pas le milieu artistique. Je suis artiste, fier de l'être et fier des autres".
Un message fort et percutant, en cette journée de César !