Le 8 mars dernier, une loi coconstruite par Sarah Abitbol et le sénateur PS de l'Aude Sébastien Pla, a renforcé la protection des mineurs et le contrôle d'honorabilité dans le sport. Lors de cette rentrée, la championne de patinage qui a révélé en 2020 avoir été victime de viols commis par son entraîneur Gilles Beyer a pris la parole pour Libération.
Pour Sarah Abitbol, les jeux Olympiques de Paris auraient pu être un moment puissant pour sensibiliser un peu plus aux violences sexuelles dans le sport. "Simone Biles est un exemple de résilience, on aurait pu s'en servir d'appui pour sensibiliser davantage", lance la reine du patin. Pour rappel, Simone Biles qui a récolté trois médailles d'or et une d'argent à Paris, a été victime de l'ancien médecin de l'équipe américaine, Larry Nassar, condamné en 2018 pour violences sexuelles.
Si l'athlète américaine a réussi à s'en sortir, c'est notamment grâce à son entourage et la mise en place d'un suivi psychologique. "A mon époque, aller voir un psy, c'était être 'fou'. Le préparateur mental peut être un relais pour témoigner quand quelque chose d'anormal arrive. Quand on a subi des violences sexuelles, soit on devient plus fort et on redevient champion, soit on peut tomber dans la drogue, l'alcool, les antidépresseurs. Après vingt ans, je suis encore sous antidépresseurs, bien que j'aille mieux", déclare Sarah Abitbol. Heureusement donc, les choses ont évolué.
Si elles avaient évolué plus rapidement, cela aurait pu permettre à Sarah Abitbol d'éviter de subir des jugements totalement déplacés. Car rappelons-le, en 2021, quand elle a pris la parole, celle-ci gênait certains et d'ailleurs, elle gêne toujours parfois. "La Fédération des sports de glace, en tout cas, a ouvert la porte à mon association [La Voix de Sarah, ndlr]. Ce qui ne m'empêche pas de ressentir une double peine : dernièrement, lors d'une intervention en club, une entraîneuse m'a lâché : 'Tu as sali l'image du patinage.' Je me suis pris une claque. Mon sport, je l'aime plus que tout. Accablée de honte et de culpabilité, j'ai mis trente ans à parler. La double peine, c'est aussi la difficulté d'aller m'entraîner ou donner classe près de chez moi, au club des Français volants où j'ai vécu des agressions. Il faut parfois que j'appelle une autre patinoire, susceptible de m'accepter", explique-t-elle.
Sarah Abitbol a pourtant de quoi être fière car grâce à la loi qu'elle a coconstruite les choses changent. Elle en donne un exemple parlant : "Lorsque j'ai réussi à mettre quelques mots sur les violences que j'avais subies, je suis allée voir mon président de club qui m'a dit : 'Je ne peux rien faire si tu ne portes pas plainte.' Aujourd'hui, ce n'est plus possible, un signalement doit être obligatoirement fait auprès de la cellule 'Signal-Sports' du ministère. A défaut de quoi, le responsable du club ou de la fédération peut être condamné à une interdiction temporaire ou définitive d'exercer".